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SOUVENIRS D’UN PAGE.

lois dont, chaque jour, nous pouvions reconnaître la sagesse, dans un besoin urgent de nouveaux impôts ; à ces protestations fougueuses, à cette opiniâtre résistance qui appelait la sévérité du monarque ; enfin, à ces sourdes intrigues qui excitaient le peuple à prendre la défense de magistrats qu’on lui apprenait à regarder comme des tribuns. C’est ainsi que le parlement creusait, avec autant d’imprudence que d’aveuglement, l’abîme qui devait l’engloutir avec la monarchie.

Le premier lit de justice dont je fus témoin eut lieu en 1787, sous le ministère de M. de Calonne, pour enregistrer un édit sur l’augmentation des vingtièmes ; et ce fut la résistance du parlement qui engagea le roi à convoquer une première assemblée de notables ; ce qui amena la chute de M. de Calonne.

Le second fut provoqué par le cardinal de Brienne, par suite du refus du parlement d’enregistrer plusieurs édits, notamment celui qui instituait cette fameuse cour plénière que le parlement appréhendait d’autant plus qu’elle semblait établir une puissance législative au-dessus de lui. Cette fois la résistance fut très-prononcée : les représentations prirent un caractère factieux et violent, au point qu’avant de renvoyer l’assemblée, le roi se leva de son trône et s’écria d’une voix forte et pénétrée d’indignation : « Vous avez entendu mes volontés ; je prétends qu’elles soient exécutées. »

Voici à peu près le cérémonial de ces sortes d’assemblées :

À Versailles elles avaient toujours lieu dans la grande