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SPECTACLES.

Quand la cour y était rassemblée, le coup d’œil était magnifique. La multiplicité des lustres, l’éclat des parures se réfléchissaient dans les glaces dont les loges étaient remplies. Quand on examinait, par toutes les trappes ouvertes, le fond du théâtre, on était effrayé de la profondeur, et ce n’était point sans raison ; car le fils du machiniste, Boulet, ayant eu le malheur d’y tomber, y fut misérablement écrasé.

Quand on voulait donner une fête à la cour, on montait sur le théâtre plusieurs rangs de loges qui formaient, avec les loges permanentes, un ovale parfait. La décoration de ces loges donnait comme un reflet de pierres précieuses, tant l’éclat de toutes ces dorures était éblouissant. La dernière de ces fêtes fut donnée pour le comte du Nord, l’empereur de Russie Paul Ier ; on ne fit qu’illuminer la salle. Quant aux ambassadeurs indiens, dont je parlerai plus loin, ce furent eux qui firent la beauté ou plutôt l’étrangeté du spectacle, en traversant le théâtre et en s’extasiant devant tous ces objets que la perspective leur présentait en relief sur une surface plane. J’ajouterai que ce fut dans cette salle que se donna le fameux repas des gardes du corps, quelques jours avant le 5 octobre ; ce qui servit de prétexte à cette mémorable journée.

Il y avait encore dans la ville une salle de spectacle pour le public. Le fond en était occupé par cinq ou six loges toujours remplies d’une partie des cent cinquante-huit pages qu’il y avait alors à Versailles. Ils exerçaient une police sévère sur les pièces, sur les