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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/237

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

lier syracusain, mais sur celui d’un page, le chapeau sous le bras.

C’était le roi qui fixait l’heure du spectacle, d’après la durée qu’il devait avoir ; car ce prince, ne voulant point faire attendre les officiers qui venaient prendre l’ordre, sortait toujours à neuf heures précises, pour aller de là souper chez Madame. Le matin, M. Desentelles, intendant des menus plaisirs, lui présentait le programme contenant la liste des rôles, le nom des acteurs qui devaient les remplir et la durée du spectacle. Chaque représentation était assez dispendieuse, car on fournissait les voitures aux acteurs pour venir de Paris, et toute la salle, même le théâtre, était éclairée en bougies.

C’était la musique de la chapelle qui composait l’orchestre, et quoiqu’on y entendit les Kreutzer, les Bezozzi et les Salentin, on aurait pu avoir une meilleure exécution, parce que les chanteurs n’étaient point accoutumés aux musiciens, et que les musiciens étaient plus habitués à exécuter des motets que des opéras.

Outre la salle de spectacle dont je viens de parler, il y en avait une autre à l’extrémité du château, du côté du nord, qui était peut-être la plus belle de l’Europe, si l’on excepte celles d’Italie. On y jouait rarement, à cause de son étendue et de la dépense qu’elle nécessitait. Pendant quatre ans que j’ai vu la cour à Versailles, on n’y donna pas une seule fête. Le théâtre était plus vaste qu’aucun de ceux de Paris, et la hauteur totale du bâtiment était de cent vingt pieds.