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SOUVENIRS D’UN PAGE.

rayons de la majesté royale. Si, par l’augmentation du déficit, il creusa davantage le précipice, il sut du moins, d’un bras vigoureux, retenir sur ses bords la monarchie prête à y tomber, et il l’aurait sauvée si le courage et le désintéressement de chacun avaient voulu appuyer ses projets.

Les bals finirent en 1787 ; je ne les vis que deux hivers. C’était le roi qui les donnait à la reine les mercredis de chaque semaine, depuis le commencement de l’année jusqu’au carême.

Les pages de la chambre étaient chargés d’en faire les honneurs. Arrivés les premiers, ils attendaient les dames pour les conduire à leurs places, leur offrir des rafraîchissements et les reconduire au souper ou à leurs voitures. Habitués au grand monde, ils mettaient dans ces fonctions la désinvolture de leur âge et la politesse de leur rang. Les étrangers étaient toujours frappés de voir ces petits bons régents, dont la plupart portaient encore sur leurs visages les roses de l’enfance, se démener, courir, appeler, presser les gens du buffet, reconduire les dames, sans paraître étonnés de ces grandeurs, ni fatigués du poids de leurs superbes habits.

Dans la partie du château située à gauche de la cour royale, était une ancienne salle de spectacle que ses étroites dimensions avaient fait abandonner. C’était là que se donnait la fête. On y ajoutait plusieurs de ces pavillons de bois conservés à l’hôtel des Menus-Plaisirs, et qui, dressés en peu d’instants, décorés en quel-