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AMBASSADE INDIENNE.

leurs chevaux avec beaucoup de hardiesse. Les ambassadeurs suivirent la chasse en calèche, s’enveloppant de leurs shalls pour éviter le froid d’un brouillard d’octobre qui leur faisait sentir la différence du climat de Paris avec celui de Séringapatam.

Les présents de cette ambassade n’étaient point considérables. Ils consistaient en quelques pièces de mousseline fort belle, des armes indiennes bien travaillées, et une petite boîte de perles précieuses ; la seule pièce remarquable était un gros rubis que le roi fit monter au bout d’une épaulette de diamants. Ils emportèrent en échange beaucoup d’étoffes de Lyon, des pendules et des porcelaines de Sèvres. La reine fit faire leurs portrait en cire et les plaça, groupés avec l’interprète et un esclave, fumant leurs pipes, dans une des chaumières de Trianon. La ressemblance était parfaite.

On a assuré dans le temps que Typoo-Saëb, mécontent de l’insuccès de ses ambassadeurs, les avait fait mourir à leur retour. Il est certain que, sans la Révolution et les malheurs de la France, on aurait pu tirer un excellent parti de l’alliance de Typoo, dont les forces, déjà augmentées par les succès d’Hyder-Ali, auraient, avec l’aide des Français, entraîné tous les nababs que les Anglais écrasent ou tyrannisent, et qu’on aurait pu ainsi balancer la puissance colossale de nos voisins dans les Indes orientales.

À peu près à la même époque on reçut encore à Versailles, mais avec beaucoup moins de cérémonie, le fils d’un roi de la Cochinchine, âgé de huit ans, et