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SOUVENIRS D’UN PAGE.

larges. Les esclaves en portaient qui avaient la forme de nos chapeaux ronds et qui, placés sur le côté de la tête, coiffaient très-bien. Plusieurs de ces esclaves avaient habité Pondichéry et parlaient un peu le français, ainsi qu’un des deux jeunes gens, dont l’intelligence dépassait de beaucoup ce qu’on devait en attendre.

Ces Indiens ne mangeaient d’animaux qu’après les avoir tués eux-mêmes avec de certains rites purificatoires ; aussi avaient-ils eu la précaution d’amener leurs cuisiniers, et ce n’était point un des objets les moins intéressants pour la curiosité publique que d’aller voir, dans les souterrains de Trianon, la préparation de leurs repas. La quantité d’épices, de piment, de kari, et surtout d’ail qu’ils y mettaient, rendaient leurs ragoûts, dont je goûtai une fois, intolérables à un palais européen.

Je me représente toujours un de leurs cuisiniers, assis sur le coin d’une table, les jambes croisées, pétrissant avec les mains des boules de riz et de viandes. La reine avait aussi voulu goûter de cette cuisine indienne, mais il lui fut impossible de supporter la force de son assaisonnement.

Les ambassadeurs vinrent un jour visiter le manége des pages, et les deux jeunes gens essayèrent de monter nos chevaux, mais leur manière de se tenir à cheval avec des étriers très-courts, et les genoux fort hauts, ne pouvait convenir à des chevaux accoutumés à être conduits avec toute la recherche et la finesse de l’art.

Ils eurent plus de succès à la chasse, et menèrent