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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/26

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LE ROI.

partir, sans être nullement ébranlé par l’explosion.

Je n’ai point vu Louis XVI malade sérieusement. Quelques fluxions et un érysipèle à la tête qui le retint une fois plusieurs jours au lit, furent les seules indispositions qu’il éprouva pendant mon séjour à la cour ; hors de là il n’était jamais question de drogues ni de médecines. L’exercice était son remède le plus ordinaire, et la tempérance son préservatif contre tous les maux. Ce prince, très-simple dans ses mœurs, l’était aussi dans ses habits. Lorsqu’il monta sur le trône, M. le duc d’Estissac, grand-maître de la garde-robe, vint lui demander ses ordres pour ses habits.

— Combien en fait-on ordinairement chaque quartier ?

— Sire, six.

— Eh bien ! qu’on me fasse six habits de ratine.

Il fallut que le duc d’Estissac lui représentât qu’il était des circonstances où la majesté du trône exigeait d’autres habits que des habits de ratine. Le matin, le roi portait un habit gris jusqu’à l’heure de son lever ou de sa toilette. Alors il prenait un habit habillé de drap uni, souvent brun, avec une épée d’acier ou d’argent. Mais les dimanches et les jours de cérémonies, les plus belles étoffes, les broderies les plus précieuses, en soie, en or ou en paillettes, servaient à la parure du monarque. Bien souvent, suivant le goût d’alors, l’habit de velours était entièrement couvert de petits paillons qui le rendaient éblouissant. Les diamants de la couronne venaient y joindre leur éclat. Le fameux