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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/261

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

rieux, tandis qu’un escalier obscur conduisait au sommet de la roche, dans un bocage touffu, et pouvait dérober à la vue de l’importun un objet qu’on aurait voulu lui cacher.

Ce but était-il bien dans les idées des architectes ? L’imagination dévergondée de quelque stupide calomniateur ne leur a-t-elle pas plutôt prêté des pensées qu’ils n’avaient point, et supposé dans une disposition d’elle-même innocente un dessein réfléchi d’iniquité ? Toujours est-il que cette grotte a formé la base de mille atrocités, débitées sur le compte de l’infortunée Marie-Antoinette par une faction régicide, décidée à la déshonorer avant de l’envoyer à l’échafaud, et que, chose plus déplorable encore ! ces indignes propos étaient répétés et même propagés par ceux qui auraient dû être les premiers à les réfuter. Je me souviendrai toujours que cette grotte me fut montrée par un noble, député aux États généraux, qui siégeait parmi les défenseurs de la monarchie, et qui, en défendant le trône, accusait la reine et cherchait à rendre le roi ridicule. Tant était grand l’aveuglement des Français, et tant ils étaient dignes du sort malheureux qu’ils ont éprouvé pendant plusieurs années !

Au bout du jardin de Trianon, la rivière était bordée d’une infinité de chaumières qui, en offrant au dehors l’aspect le plus champêtre, présentaient à l’intérieur l’élégance et quelquefois la recherche.

Au milieu de ce petit hameau, une haute tour, nommée la tour de Marlborough, dominait les environs. Ses