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FONTAINEBLEAU.

Les voyages de Fontainebleau se disaient à la fin de l’année, pour pouvoir profiter des plaisirs que la chasse offrait en si grande abondance dans cette vaste forêt, où l’on rencontrait les plus beaux arbres, les sites les plus pittoresques, et une multitude de rochers d’autant plus extraordinaires qu’ils se trouvent dans un pays presque plat. Ces paisibles retraites convenaient beaucoup aux cerfs et aux sangliers. Les premiers se faisaient voir par bandes de soixante-dix à quatre-vingts.

Une promenade faite à la fin du jour, dans la forêt de Fontainebleau, offrait un charme indéfinissable. Ces grands arbres qui avaient prêté leur ombre à tant de rois, frémissaient, agités par le vent, et semblaient murmurer leurs anciens souvenirs. Les rochers dessinaient, dans le crépuscule, leurs masses gigantesques ; et le cerf, poursuivant la biche, passait, rapide comme l’éclair, en faisant entendre son cri rauque et effrayant. Sa rencontre, en ces moments de fureur, n’était pas toujours sans dangers.

Tous ces rochers portaient des noms différents, et servaient à désigner les cantons pour la chasse et les routes de la forêt. C’étaient le rocher Bouligny, le rocher des P……, le rocher d’Avon, le rocher de Saint-Germain, etc. Un ermite s’était construit dans ce dernier une jolie habitation en extrayant du rocher, pour faire son excavation, des espèces de pétrifications qu’il vendait aux étrangers. Les vieux historiens disent que le nom de ce roc venait d’un monastère fondé par le