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SOUVENIRS D’UN PAGE.

Germain, y avait un magnifique hôtel avec un superbe jardin.

Parmi les nombreuses fabriques qu’on rencontrait dans ce jardin, je citerai un petit fort avec son pont-levis et ses batteries, qui présentait en miniature tous les moyens de défense de l’art de Vauban.

Il y avait aussi un chêne si gros qu’on avait pratiqué à l’intérieur un cabinet, très-bien décoré. On pense bien que cet arbre monstrueux était l’ouvrage de l’art ; mais il était si bien imité que je ne découvris la vérité qu’en mesurant la circonférence de l’arbre, ce qui me fit apercevoir les ferrures de la porte. Un jeune chêne, adroitement joint à celui-là, formait, dans le haut, une grosse branche qui paraissait conserver un reste de végétation.

Cette famille de Noailles se ressentait encore de la grande protection de madame de Maintenon ; elle comptait encore, de mon temps, deux maréchaux de France, cordons bleus, et deux capitaines des gardes décorés de la Toison d’or ; l’importance des bienfaits répandus par le roi dans cette maison aurait pu être évaluée à une somme de deux millions. Il est fâcheux que quelques-uns de ses membres, notamment le prince de Poix, aient pu s’entendre reprocher de n’avoir pas toujours répondu comme ils le devaient à cette protection.

À moitié chemin de Saint-Germain à Versailles, on trouvait, dans le fond d’un vallon, le petit château de Marly. Il est aujourd’hui détruit ; et ce lieu si brillant,