Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
277
MINISTRES.

presque toujours inséparables d’un grand génie, qui sait rarement se plier aux petits calculs de l’économie. Nous répéterons, avec le savant et judicieux Ferrand, qu’on peut blâmer telle ou telle action d’un grand homme, mais que sa conduite ne peut être jugée que sur son ensemble. L’infatigable Calonne travaillait jour et nuit. Ses fréquents voyages à Paris n’étaient qu’une suite d’occupations, car la route ne les interrompait même pas et sa voiture devenait un cabinet. Rentré chez lui, les volets fermés, les jambes dans un bain à la clarté des bougies, il trouvait dans les ressources fécondes de son esprit les moyens de sauver la France. Mais l’orgueil parlementaire, la ténacité du clergé, étaient des barrières trop fortes, contre lesquelles se brisèrent ses projets vraiment philanthropiques, car les charges devaient porter moins sur le peuple que sur les gros propriétaires. Après avoir montré en France ses capacités, M. de Calonne alla prouver en Allemagne son attachement à la maison de Bourbon, en sacrifiant aux princes, ingrats pour lui, son repos, sa fortune et ses précieuses collections. Je n’ai point connu M. de Calonne, je ne lui ai jamais été attaché par aucun lien, mon jugement n’en est donc que plus impartial ; et s’il fallait une caution de ce que j’avance, je rappellerais qu’au moment de sa mort à Paris, en 1804, Bonaparte l’avait consulté sur plusieurs points de finances.

Il est rare qu’un grand homme se voie revivre dans ses descendants. Cette remarque s’est vérifiée pour