avait emporté la haine de tous les parlements, qui ne lui pardonnèrent jamais ses tentatives pour abattre leur puissance. La manière dont ces cours ont travaillé elles-mêmes leur dissolution et aux malheurs de la France justifient aujourd’hui les efforts du chancelier. Lors de sa disgrâce, les sceaux furent confiés à Hue de Miromesnil, vieillard faible, maladif et trembleur. La charge de chancelier, en France, était inamovible ; la volonté du souverain ne pouvait l’ôter à ceux qu’il en avait revêtus ; une condamnation juridique seule pouvait l’en priver, et c’était une belle pensée de faire ainsi respecter la justice dans son chef, en la mettant en quelque sorte au-dessus du caprice des hommes. Le chancelier, comme Thémis, devait être impassible et rester étranger à tous les événements. Toujours enveloppé de sa noire simarre, il ne portait jamais le deuil, et toujours une escorte accompagnait sa chaise ou son carrosse. Aucune de ses actions ne devait être cachée, et c’était une espèce de représentation symbolique du corps dont il était le chef.
Personne ne fut peut-être plus propre à remplir, dans ces temps difficiles, la place de contrôleur général des finances que M. de Calonne. Doué d’un travail facile, d’un génie fécond en expédients, lui seul pouvait trouver les ressources que réclamait la France épuisée moins par les prodigalités de la cour que par des emprunts multipliés. C’est bien vainement qu’on a voulu reprocher à M. de Calonne un luxe et une magnificence.