Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE II

la reine

Depuis que je suis né, j’ai vu la calomnie
Distiller les venins de sa bouche impunie.

Voltaire, Tancrède.


Lorsque j’arrivai à Versailles, la reine était dans sa trente et unième année, et dans tout l’éclat de sa beauté ; car cette princesse, qui ne fut point ce qu’on peut appeler jolie, et qui n’avait pour elle que son port majestueux, sa tenue de reine, possédait alors tous ces avantages à un plus haut degré que lorsqu’elle était arrivée en France, à l’âge de quinze ans. Quand elle sortait de son appartement, au bout de la galerie, pour venir, le dimanche, chercher le roi et aller à la messe, on voyait, au-dessus de son entourage, s’agiter les plumes de sa coiffure, et, selon l’expression de Fénelon, « elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour,