reaux, empaqueté ses papiers, rejoignit sa famille, et commença ce pénible voyage, cette longue agonie, prélude des malheurs qui l’attendaient.
La famille royale descendit l’escalier de marbre, et ses marches encore teintes de sang ; elle se plaça dans une voiture suivie du reste de la garde désarmée, escortée de tous les bandits et de toutes les furies vomies par les faubourgs de Paris. À la honte du général La Fayette, qui aurait pu l’écarter, le monstre à la grande barbe était toujours là, tout sanglant et entouré des têtes qu’il avait coupées et, chose que la postérité aura de la peine à croire, le cortége fit halte à Sèvres, pendant que des perruquiers, le poignard sur la gorge, étaient contraints de friser et de poudrer ces têtes livides et sanglantes ! Malheur aux voitures que l’on rencontrait sur la route ! il fallait acheter par quelqu’argent l’éloignement de ces trophées qu’on présentait aux portières. Le cortége traversa la Place d’Armes ; des mégères y dévoraient, auprès d’un grand feu, les restes de quelques chevaux tués la veille. L’Assemblée nationale vint se placer sur l’avenue de Paris, pour voir défiler cette armée de factieux entraînant sa victime. La plupart de ses députés pouvaient jouir de leur ouvrage, les autres déplorer leur orgueil et leur ineptie. Enfin, après une pénible marche de six ou sept heures, après avoir écouté, à l’Hôtel de ville, la verbeuse et insolente harangue du maire de Paris, la famille royale, épuisée de fatigue, abreuvée d’amertumes, arriva dans l’antique demeure des Valois, et