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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/332

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5 OCTOBRE.

trouva à peine, au château des Tuileries, les choses les plus indispensables.

Peu de jours après le 5 octobre, j’allai au château de Versailles pour reconnaître les dégâts de cette journée. Je ne vis que quelques portes des salles des gardes brisées, des serrures arrachées ; mais le reste des appartements n’avait éprouvé aucun dommage. C’est alors que, trouvant une petite porte restée ouverte dans le désordre d’un pareil départ, je parcourus tous les petits couloirs de communication, et une infinité de petits cabinets dont je ne soupçonnais même pas l’existence.

Plusieurs années après avoir quitté Versailles, j’y retournai, et l’on me fit voir, à la balustrade de pierre de l’une des croisées des grands appartements situés sur le parterre du nord, la trace d’une main sanglante qu’on prétendait être celle d’un garde du corps, qui avait échappé par la fuite aux massacres de cette journée. Il est évident que cette trace était l’effet du hasard, ou avait été dessinée par quelqu’un, car le château n’ayant pas été envahi de ce côté, s’il s’était trouvé là des gardes du corps, ils n’auraient couru aucun danger ; et ceux des autres appartements, une fois parvenus dans ceux-ci, pouvaient se sauver par l’aile de la chapelle et les nombreux couloirs souterrains qui aboutissent à la salle de spectacle, sans être obligés de s’échapper par la croisée d’un étage très-élevé.

Les gardes du corps perdirent peu de monde dans