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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/338

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LA COUR À PARIS.

il faut le dire, la mort la plus horrible et l’agonie la plus cruelle avec autant de courage que de fermeté. En effet, un caprice du peuple fit changer trois fois de place l’instrument de son supplice, qui fut transporté de la place Louis XV au Champ-de-Mars, où il avait proclamé la loi martiale et fait tirer sur les patriotes. Glacé par une pluie froide, il attendait la mort, quand, à cette apostrophe d’un de ses bourreaux : « Tu trembles, Bailly ! » il répondit par ces mots dignes d’un sectateur de Zénon : « Il est vrai, je tremble, mais c’est de froid ! » M. Bailly était un grand homme maigre, le nez très-aquilin, la figure jaune et allongée. Il était frère du maître de la poste aux chevaux de Versailles, aussi petit que le maire de Paris était long et efflanqué.

L’appartement de Louis XVI, aux Tuileries, se composait d’une grande partie de celui qu’occupe aujourd’hui l’empereur Bonaparte, sur la cour, et de quelques cabinets sur le jardin où il passait sa vie privée. Le reste de ce premier étage était occupé par les grands appartements de la reine, qui avait abandonné à ses enfants celui du rez-de-chaussée où elle n’avait gardé que plusieurs pièces, formant aujourd’hui le salon et la chambre à coucher de madame Bonaparte. La garde parisienne s’étant établie dans l’antichambre du roi, on avait été obligé d’en faire une petite en prenant une partie de la salle des Nobles ; on avait fait de même un retranchement dans la galerie de Diane pour y placer le billard du roi. C’était dans cette galerie que, le dimanche, le roi dînait en public. Pour