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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/339

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

éviter la foule, on faisait entrer par la chambre du roi, et sortir par l’escalier du pavillon de Flore.

Dans les premiers temps du séjour de la famille royale aux Tuileries, il fallait, pour aller à la tribune de la chapelle, passer sur une de ces terrasses qui règnent au-dessus des arcades. La plus grande partie du service ne trouvant point de place dans la tribune, était obligé d’attendre la fin de la messe à l’injure du temps. Souvent même la cour ne passait qu’avec des parapluies. On finit par bâtir une petite galerie en charpente ; mais, avant qu’elle fût faite, chaque fois que le roi et sa famille allaient à la chapelle, ils étaient arrêtés sur cette terrasse par le concours de monde et la foule de curieux rassemblés dans le jardin, et qui témoignaient à cette illustre et malheureuse famille leur joie et leur enthousiasme, par des applaudissements réitérés. En général, les premiers temps du séjour à Paris montrèrent combien le roi était aimé du peuple, qui n’était pas encore exaspéré ni égaré par les intrigues des factieux et des scélérats. Les malheurs de la famille royale, ses vertus, son courage dans les affreuses journées des cinq et six octobre, avaient ramené les imbéciles Parisiens à cet amour pour le souverain qui est naturel aux Français. Partout où la famille royale se montra, elle fut suivie des acclamations du peuple, jusqu’à ce que les menées de tous les partis qui se disputaient la France et la déchiraient, eurent de nouveau changé l’esprit populaire, à force de calomnies et de sourdes atrocités.