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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/347

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

Mais, loin d’y trouver la sécurité, poursuivi par les jacobins qui voulaient sa tête, il passa la frontière avec son état-major, et, contre tout droit des gens, fut arrêté par les troupes de l’empereur. Il fut d’abord détenu pendant plusieurs années par le roi de Prusse, à Magdebourg ; puis quand l’argent trouvé sur ses officiers fut épuisé, ils furent tous remis à l’empereur, qui leur fit subir une captivité rigoureuse à Olmutz. Cette captivité donna à madame de La Fayette l’occasion de montrer son dévouement et son courage. Les cachots d’Olmutz ne l’enrayèrent pas plus que ceux de Magdebourg n’avaient enrayé madame de Lameth. Elles allèrent s’y ensevelir, l’une pour soigner son mari, l’autre son fils ; et elles y montrèrent la force du devoir et l’empire de la vertu. Quand M. de La Fayette fut malheureux et opprimé, on oublia ses fautes pour le plaindre et blâmer, en sa personne, une violation manifeste de la confiance et de l’honneur guerrier.

Après que l’influence du général Bonaparte eût fait rendre la liberté à La Fayette, lors du traité de Campo Formio, il se retira à Hambourg, où il arriva dans le mois d’octobre 1797. On mit, le lendemain de son arrivée, un écriteau à sa porte avec l’inscription suivante : « On est prévenu que M. de Lafayette ne recevra aujourd’hui qu’à midi, le général ayant l’habitude de dormir longtemps le 6 octobre. »

Cette plaisanterie dut être accablante pour l’exilé dont les malheurs avait dû réveiller en lui quelques sentiments de sensibilité et d’honneur.