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LA FAYETTE.

messon, égarés par les idées nouvelles. Ces quatre officiers, appelés chefs de division de la garde nationale de Paris, remplaçaient les capitaines des gardes. Parmi les aides de camp étaient Gouvion, Cadignan, Romeuf, Verdière, Julien, etc…, les uns, perdus de réputation, les autres, furieux de ce que leurs richesses ne les égalaient pas aux premières maisons du royaume, et ne voulant culbuter un parti que pour en prendre la place.

Dans les jours de parade, La Fayette montait un grand cheval blanc, réformé de notre manége, où il était monté par les commençants, et appelé l’Engageant. Comme bien d’autres, cette vieille rosse se vit alors tirée de son obscurité et acquit, en portant l’illustre général, une grande célébrité. Elle fut surnommée Jean Leblanc, et fournit le sujet de mille plaisanteries.

Les premiers essais de M. de La Fayette, à l’armée du nord, n’ayant pas été très-heureux, on parodia ce beau morceau de Mithridate :


Enfin, après deux ans, tu me revois, Arbate,


et le général, après avoir, comme le roi de Pont, raconté sa triste défaite, s’écriait :


Et je ne dois la vie, en ce commun effroi,
Qu’au fameux Jean Leblanc qui court bien mieux que moi.


Quand je quittai la cour, M. de La Fayette y était encore. Bientôt, enrayé de la faiblesse de son parti, de la force de ses ennemis, et du peu de succès de ses projets lors de la fuite du roi, il partit pour l’armée.