mence la messe ; il était cinq heures. Une foule de lévites, vêtus de lin, se groupent sur les degrés de l’autel. À leur tête se trouve un homme qui fut la honte du clergé français, l’évêque d’Autun, Talleyrand de Périgord. Déjà il a trahi son roi ; bientôt il reniera son Dieu, méconnaîtra ses devoirs hiérarchiques, et presque le seul des évêques de l’antique église gallicane, il rejettera l’autorité pontificale. Funestes effets d’une vocation forcée ! Dans les intervalles des salves d’artillerie, un vent impétueux porte à toutes les extrémités du camp les cantiques sacrés. À la voix du ministre de l’Éternel, cent mille soldats fléchissent le genou et rendent hommage au Créateur.
Après l’évangile le pontife se retourne ; M. de La Fayette monte à l’autel et y prononce le serment de fidélité à la constitution, à la loi et au roi ; toutes les députations sont censées répéter le serment au même instant, et si toutes ne jurent pas, au moins les cris sont effroyables. M. de La Fayette remonte à cheval et arrive près du roi. Alors le président de l’Assemblée nationale prononce son serment, et se retourne vers le roi qui, d’une voix sonore, promet de maintenir une constitution à peine dégagée du cerveau de quelques factieux. Un redoublement de cris de : Vive le roi ! annonce cet instant, et donne le signal à l’artillerie de le proclamer dans toute la capitale. La messe terminée, à plus de six heures du soir, les députations défilèrent devant le roi, et à sept heures et demie nous étions rentrés aux Tuileries.