pour un temps où l’on était moins accoutumé à ce genre de magnificence. Enfin, tous les députés fédérés retournèrent dans leur pays et laissèrent de nouveau le champ libre aux factieux. Quelques-uns restèrent à Paris pour protéger le roi ; mais, faute d’un point de ralliement, comme dans toutes les circonstances de la Révolution, les meilleures intentions restèrent sans effet.
La veille de la fédération, le roi avait vu défiler, sous le vestibule des Tuileries, toutes les députations. Les chefs lui remettaient la liste nominale de tous les fédérés ; et tous ces provinciaux retournèrent chez eux enchantés, bien persuadés qu’ils étaient connus du roi.
Je ne pourrais narrer tous les traits de dévouement à la cause royale, dont nous fûmes témoins pendant cette semaine. Les Bretons, emportés par leur enthousiasme, déposèrent leurs épées aux pieds du roi, en jurant de le défendre, et témoignèrent leur attachement bien plus par leurs larmes que par leurs discours.
La revue de la troupe de ligne se passa au pont de Neuilly. On y voyait des vétérans dont plusieurs portaient la double décoration, ce qui faisait supposer qu’ils avaient au moins quarante-huit ans de service. À une autre époque, je vis présenter au roi le doyen des soldats, et même des militaires français. C’était un soldat de Touraine-infanterie, nommé Jean Thurel, né en 1699. Il s’était engagé en 1716 ; il avait donc,