nieuses, de réveiller par là la haine du peuple et d’éloigner nombre de ses fidèles serviteurs.
Depuis plusieurs jours on répandait à dessein le bruit qu’un mouvement populaire s’organisait à Paris ; que le peuple devait se porter aux Tuileries, et que la sûreté du roi y serait compromise. En conséquence, on invitait, par des avis clandestins, tous les amis de la royauté à se rendre, au moindre bruit, au château, bien armés, prêts à mourir pour la bonne cause. On alla même jusqu’à faire distribuer de ces billets, avec le plus grand mystère, dans les cafés et dans les lieux publics. Tout cela n’était qu’un piége tendu à la bonne foi des royalistes.
Le 28 février 1791, le faubourg Saint-Antoine, commandé par le brasseur Santerre, se porta à Vincennes pour en démolir le vieux donjon, ancienne prison d’État que, selon le bruit public, on faisait réparer. M. de La Fayette fait battre la générale, rassemble quelques-uns des bataillons les plus factieux et va, vers le milieu du jour, pour dissiper ce rassemblement, et on répand, avec une nouvelle insistance, le bruit qu’à son retour la populace se rendra aux Tuileries.
Par suite de ce mouvement et conformément aux habitudes qu’on avait prises toutes les fois qu’on s’était trouvé dans les mêmes circonstances, tout ce qui était attaché à la cour par devoir et par inclination se rendit au château l’après-dîner, non point en cheveux roulés et en habits noirs, en signe de ralliement, comme l’ont