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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/373

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

dans deux fiacres pour les conduire à l’Hôtel-de-Ville, au comité des recherches. Cette translation présenta mille dangers. Arrêtés vis-à-vis le Palais-Royal, ils ne durent leur salut qu’au brave Le Houx de Clermont, apothicaire des écuries, qui exposa sa vie pour les sauver. La première voiture fut encore arrêtée rue de la Ferronnerie. La populace ouvrit la portière et saisit M. de Bourgogne, très-petit et très-faible ; mais M. de Boucher le retint avec force, et donna le temps à la gendarmerie nationale d’arriver, ce qui les sauva, quoique cette troupe fût composée de scélérats qui prétendaient ne les avoir délivrés que dans l’espoir de les voir bientôt pendus en place de Grève. Enfin, après plusieurs interrogatoires à l’Hôtel-de-Ville, on vit bien que ces jeunes gens ne pouvaient connaître les secrets du roi, et on les mit en liberté, à onze heures du soir, après quinze heures d’inquiétudes et de dangers.

Ce fut le samedi 25, vers les trois heures, que Louis XVI et sa malheureuse famille arrivèrent aux Tuileries. La foule était immense. La Fayette parcourait le jardin en invitant le peuple à la tranquillité, et en lui recommandant de garder le chapeau sur la tête à l’arrivée du roi, pour témoigner son indignation. Cette méchanceté et les propos féroces des jacobins devaient faire craindre les plus grands excès. Enfin, la voiture arriva. Sur le siége étaient garrottés les trois gardes du corps, exposés aux vociférations de la populace. Le roi et la reine étaient dans le fond, avec Barnave, qui tenait le dauphin sur ses genoux. Sur le