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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/48

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ENFANTS DU ROI.

Cette dame est de la famille de Saint-Hilaire, du Poitou, dont un des membres fit cette belle réponse à son fils, au moment où la mort enleva M. de Turenne. Son père, cadet d’une nombreuse famille, passa dans l’Inde et s’y maria. Il y fit fortune dans le commerce. Ses vaisseaux sur mer furent pris par M. de Suffren pour servir à sa fameuse expédition. La cargaison fut perdue, et le prix fut porté par M. de Suffren au rang des dettes du gouvernement. Cela allait de droit. Mais à l’enthousiasme qu’avait inspiré M. de Suffren, à Versailles, succéda l’indifférence, puis la froideur et l’éloignement. Les dettes contractées par le commandant pour l’État ne furent point acquittées. M. de Saint-Hilaire et ses associés vinrent en vain solliciter ; ils furent remis, et n’obtinrent que de légères indemnités. Enfin, la Révolution mit le comble à leur infortune. M. de Saint-Hilaire se retira à la campagne avec son fils et trois filles.

Après un temps considérable et divers incidents, la seconde de ces demoiselles épousa M. de Chantereine, homme âgé et sans naissance, mais très-honnête, et dont les rapports, à Paris, le mettaient en état d’être utile à son beau-père, surtout étant secondé par une femme d’esprit.

C’est peu de temps après leur mariage qu’un de ses parents, attaché au ministère de la police, proposa à sa nouvelle cousine de la faire comprendre dans la liste des femmes qu’on devait présenter au gouvernement pour entrer au Temple. Elle eut d’abord mille