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Page:France d’Hézecques - Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI.djvu/49

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SOUVENIRS D’UN PAGE.

craintes et autant de doutes ; mais, cédant promptement au plus vif intérêt, elle accepta une place dont il était facile de faire tomber le choix sur elle.

Ce fut le..... qu’elle monta à la tour. Elle fut présentée à Madame par les commissaires. La quantité de marches qu’elle avait montées, la présence de cette jeune et auguste victime, lui ôtèrent la voix et la respiration. Madame l’engagea à s’asseoir sur son canapé. Il était placé dans l’embrasure très-profonde de la croisée de son appartement, qui avait été celui de sa mère. Elle en occupait le bout le plus près du jour, et elle travaillait. Une robe grise très-mince et très-courte, un fichu de linon sur sa tête, un autre sur son col, les cheveux tressés et abattus sur son dos, les deux faces peignées et tombant sur ses épaules, formaient toute sa parure. Elle avait les mains rouges, l’air mélancolique et négligé. Elle donna ordre aux commissaires de ne venir prendre madame de Chantereine qu’à huit heures, pour la conduire à son appartement ; il en était six alors.

Dès qu’elles furent seules, Madame demanda ce qu’étaient devenus sa mère, sa tante et son frère ; elle était dans une ignorance absolue de leur sort. Madame de Chantereine lui dit que, étant arrivée depuis peu à Paris, elle ne pouvait point la satisfaire ; mais qu’elle croyait qu’ils étaient en Allemagne. Madame lui demanda si elle pourrait sortir de temps en temps ; madame de Chantereine répondit qu’on lui laisserait recevoir sa famille à la grille, mais qu’elle ne sortirait