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SOUVENIRS D’UN PAGE.

L’amour de la gloire n’était pas assez vif chez lui pour lui faire surmonter sa paresse ; et, à l’armée, une batterie l’effrayait moins qu’une forte pluie ou un bivouac.

Marie de Médicis éleva son fils Gaston dans la plus grande pusillanimité. Faible, incertain, guidé par le premier favori qui était d’un caractère plus énergique, mais qu’il abandonnait au moment du danger, il ne fut jamais qu’un factieux que des ressorts secrets faisaient mouvoir.

Les points de ressemblance entre le frère de Louis XIII et celui de Louis XVI sont faits pour frapper tout observateur.

Monsieur avait l’esprit très-cultivé. Il était bon historien, connaissait à fond les poëtes de diverses langues, et était d’une conversation aussi instructive qu’agréable. Mais si cet esprit cultivé, si ces connaissances scientifiques étaient suffisantes pour un homme ordinaire, elles ne l’étaient pas pour un prince appelé à de si hautes destinées et vivant dans des temps si difficiles.

Ce vers qui peint le galant et timide Henri III,


Tel brille au second rang qui s’éclipse au premier,


peut s’appliquer parfaitement à Monsieur. Prince nul, mais aimable, à la cour de Louis XVI, il devint roi timide, sans énergie, prenant pour grandeur, dans sa misère, les plus minutieux détails de l’étiquette. Cherchant toujours à se modeler sur Henri IV, jamais