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M. LE COMTE D’ARTOIS.

peu spirituel ; mais à part ce défaut, sa tournure était leste et gracieuse, sa figure ouverte et agréable ; tout son extérieur, en un mot, contrastait avec la démarche un peu lourde du roi et celle plus que disgracieuse de Monsieur.

Plus amateur de plaisirs que d’études, il avait pourtant, selon le bruit général, cette aisance de grand monde, cette amabilité légère qui plaît aux femmes. Aussi, s’il en faut croire la chronique, peu de beautés lui furent cruelles.

Outre madame de Polastron, qui fut pendant de longues années sa maîtresse déclarée, qui le suivit dans ses malheurs et que la mort seule lui a enlevée, madame la duchesse de Guiche fut une de celles que le public regarda longtemps comme une de ses plus faciles conquêtes ; mais, en ces sortes de luttes les témoins étant inutiles, il est toujours téméraire d’assurer des choses aussi obscures. Le sentiment de madame de Polastron pour M. le comte d’Artois était aussi public que vrai, car le cœur de son amant était l’unique lien qui l’attachât à lui ; et elle ne fut jamais ni intrigante ni avide.

Madame la comtesse d’Artois, princesse d’un caractère doux et tranquille, et d’ailleurs peu jolie, n’était pas faite pour ramener son volage époux. Souvent malade, elle se retirait dans une petite maison à Saint-Cloud, tandis que le comte d’Artois courait au bois de Boulogne, à son petit château de Bagatelle, ou à Paris, faire des infidélités même aux belles de la