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SOUVENIRS D’UN PAGE.

Louis XVI le reçut avec tant de mécontentement et de froideur que le duc d’Orléans n’osa point se dispenser de venir le lendemain au service des chevaliers défunts. Les affronts recommencèrent, et furent si vifs, qu’il demanda à M. de Lafayette de l’en préserver. Le blême général, enchanté de trouver l’occasion d’humilier le prince avec qui il avait rompu, se tourna vers ceux qui composaient son état-major, et leur dit « Messieurs, défendez monsieur qui ne sait pas se défendre lui-même. »

Les enfants du duc d’Orléans venaient rarement à la cour. Les aînés prenaient dans les conseils d’une femme aussi remplie de talents que d’erreurs les faux principes qui les ont entraînés dans tous leurs travers. Le comte de Beaujolais seul en fut préservé par une disposition naturelle ; et la conduite de cet enfant, entièrement opposée à celle de ses frères, est très-extraordinaire.

Les autres princes, toujours à Paris ou dans leurs terres, ne venaient guère, eux aussi, à la cour, qu’aux jours de cérémonies et d’étiquette ; et, sauf quelques distinctions de forme, rien ne les relevait dans la foule des courtisans.

Le fameux duel entre M. de Bourbon et M. le comte d’Artois, qui avait insulté au bal madame la duchesse de Bourbon, avait eu lieu avant mon arrivée à Versailles ; il fit beaucoup d’honneur au prince, auquel on sut gré d’avoir voulu défendre une épouse outragée, mais qui avait eu les premiers torts. Ce fut peut-