Page:Franchère - Relation d'un voyage à la côte du nord-ouest de l'Amérique septentrionale, 1820.djvu/73

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çûmes bientôt un grand feu vis-à-vis du navire. On me fit partir dans une chaloupe, et j’arrivai auprès du feu en question. C’étaient nos messieurs qui l’avaient allumé, pour réchauffer l’insulaire, qu’ils avaient enfin trouvé sous des rochers, à demi mort de froid et de lassitude, les jambes fort enflées, et les pieds tout ensanglantés, Nous nous empressâmes de le vêtir, et le ramenâmes de suite sur le vaisseau, où avec des soins, nous parvînmes à le rendre à la vie.

Vers le soir, un nombre d’insulaires de Sandwich, munis des instrumens nécessaires, et d’offrandes consistant en biscuit, lard, et tabac, allèrent à terre, pour rendre les derniers devoirs à leur compatriote, mort dans la chaloupe de Mr Aikin, durant la nuit du 24. Nous les suivîmes, Mr. Pillet et moi, et fûmes témoins des obsèques, qui se firent à peu près de la manière suivante : — Arrivés dans l’endroit où était le corps, que nous trouvâmes pendu à un arbre, les insulaires se mirent à creuser dans le sable, une fosse de grandeur convenable : puis, détachant le corps de l’arbre, ils placèrent le biscuit sous l’un des bras, le lard sous le menton, et le tabac sous les parties génitales. Le mort ainsi pourvu pour le voyage de l’autre