Page:Francis de Miomandre - Écrit sur de l'eau, 1908.djvu/123

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— Eugénie, vous êtes une perle.

— On a vécu, Monsieur Jacques…

— Dans un petit quart d’heure, déclara le jeune homme en retrouvant ses amis, dans un petit quart d’heure, vous serez abreuvés. Je reprends donc ma phrase à l’endroit précis où je l’ai laissée : Paolo Mercanti dont les œuvres complètes méritent qu’on y prenne garde. Je vous exhorte donc, Messieurs, à la plus grande modération dans vos paroles lorsque cet écrivain va comparaître devant nous.

— Je l’engage à bien se tenir, gronda Eucrate, en simulant un assaut de boxe terminé par un irrésistible coup de chausson.

— On cite de lui des anecdotes tout à fait désobligeantes.

— Et vraies, vous n’en pouvez douter, mon cher ; vraies comme les principes premiers de la connaissance.

— La sienne, sans doute, qui a vingt ans de plus que lui.

— Et qui paye son loyer.

— Et son tailleur.

— Et quant à son talent…

— N’en parlons pas, voulez-vous !

— Oui, le mieux serait de sourire.

— Mais, le voilà lui-même.

Il entrait en effet. On le reçut avec enthousiasme.

— Bonjour, cher, dit Eucrate en lui tendant deux doigts.

— Ça va bien, mon vieux ! dit Norbert Esmont, en s’asseyant au sommet du dossier d’un fauteuil Voltaire.

— Nous commencions à être impatients de vous voir, remarqua Ludovic d’Hernani avec ingénuité.

— Enfin, vous voilà, c’est l’essentiel, dit Jacques. Vous arrivez à point pour nous faire le plaisir de prendre du thé avec nous.