pas très charmant, cette entrevue faussement la première, avec tous les sous-entendus, toutes les significations infiniment nuancées que prendraient les moindres paroles de galanterie ?
Recherche vaine. Comme des ombres, comme les personnages absurdes et perpétuels qui défilent aux tirs des foires, il vit passer et repasser, sans raison vraiment, Lanturlut, madame Defayyantz, M. Morille et le petit Chamaré, M. de Rappapont et M. Bombard, et madame Brémond et bien d’autres. Mais Lanturlut, surtout, repassait si souvent que c’était en avoir le vertige. Cette situation devint même si insoutenable que Jacques se leva et, l’abordant, lui posa la main sur l’épaule :
— Écoutez, Lanturlut, dit-il avec une grande douceur, ne repassez plus comme cela. Je ne peux plus y tenir. Il faut absolument que vous vous arrêtiez.
Lanturlut fut tellement étonné qu’il en demeura une minute la bouche ouverte, jusqu’à ce qu’un coup de coude violent de M. Morille, qui justement entraînait madame de Chamaré dans une scottisch à contre-temps, vint lui faire perdre son instable équilibre et le faire tomber assis sur une basque de son habit, dans la poche de laquelle une petite lanterne pour rentrer le soir, écrasée, éclata.
Jacques tourna le dos à Lanturlut qui, tout en se relevant, protestait qu’il n’y comprenait rien du tout, d’un bout à l’autre rien du tout, et glissa doucement vers Juliette, un peu plus loin assise seule et sans le voir.
Il s’assit à côté d’elle, de l’air simple de quelqu’un qui vient de vous quitter une seconde, et prit son éventail :
— Eh bien ! dit-elle, vous voilà… Quelle heure est-il ?
— Celle d’aller se coucher. C’est honteux d’être debout, à nos âges, à des heures pareilles. Qu’est-ce que vous en