aussi grande que les autres habitants : chose d’autant plus remarquable, qu’il ne faut pas beaucoup s’éloigner pour trouver des personnes qui répugnent à s’allier avec des Cagots.
Canton de Thèze. — Ceux de Thèze forment un total de trois ou quatre familles, dont des membres décédés ont été enterrés, il n’y a pas très-longtemps, dans un carré du cimetière, réservé de temps immémorial aux individus de leur caste. Dans la commune d’Argelos, il existe, à côté du cimetière actuel, un morceau de terre qu’on appelle lous Cassous deous Cagots : c’est sur ce terrain que passaient nécessairement autrefois ces infortunés pour entrer dans l’église, par une porte située au levant. Cette porte, qui leur doit son nom, n’est pas condamnée comme dans une foule d’autres villages ; mais la population actuelle conserve tant d’aversion pour cette race, que, pour éviter de passer par là, elle fait un détour d’environ vingt mètres, et descend au cimetière par une petite échelle, tandis que, si elle passait par la porte en question, elle arriverait de plain-pied sur le chemin public. Sous le clocher, il existe encore deux recoins et des bancs qui, s’il faut s’en rapporter à la tradition, étaient ménagés pour les Cagots. Ceux de Thèze étaient relégués dans une tribune située au fond de l’église, à laquelle une porte qui leur était particulière donnait entrée, et ils prenaient de l’eau bénite, il n’y a pas soixante ans, dans un chaudron suspendu derrière la porte. À Carrère, où l’on compte encore trois ou quatre familles issues de Cagots, à Lasclaveries, à Viven et à Auga, il y avait des cimetières ou des morceaux de cimetière spécialement affectés à ces parias : nom qui peut bien être donné aux douze familles cagotes de Claracq ; car elles vivent presque entièrement séparées des autres habitants de la commune, occupées du métier de tisserand qu’exercent la plupart de leurs membres, et elles travaillent
