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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/117

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pour le dehors, les gens du village ne leur donnant rien à faire, sous prétexte que leur drap serait encagotté. Comme dans les autres communes du canton, les Cagots de Claracq avaient un cimetière à part derrière l’église, et, au lieu de buis, comme de coutume, on plantait sur leurs tombes du houx. Il ne leur était point permis de prendre eux-mêmes de l’eau bénite ; c’était un individu choisi par la commune qui la leur donnait au bout d’un bâton. Enfin, Miossens et Navailles ont l’une de sept à huit, l’autre deux familles réputées cagotes. Dans ce dernier village, dont le maire, qui est issu de l’une d’elles, ajoute Chrestiaa à son nom[1], elles entraient à l’église par une petite porte, maintenant remplacée par un mur, au milieu duquel se voit l’image de saint Loup, entourée d’une branche de chêne supportée par deux oiseaux de la grosseur d’un pigeon. Les habitants de la commune, atteints d’un mal qu’ils appellent le mal du loup, vont passer un mouchoir sur l’image du saint, et le portent ensuite à leur tête, dans l’espoir d’être ainsi débarrassés de leur infirmité. On ignore à quelle époque naquit cette folle superstition ; mais tout porte à croire qu’elle était pratiquée par les anciens Cagots, réputés lépreux. Il est aussi à remarquer que, sur le côté droit de la porte commune de cette église, se trouve un escalier fort étroit qui mène à une tribune où règne une assez grande obscurité. Or, c’est précisément dans cet endroit que se rendent certaines familles réputées cagotes, pour assister au service divin.

À Sevignac, où le nombre des maisons ainsi qualifiées est actuellement de deux, il existe au centre de la commune, à la jonction des routes de Garlin à Morlaas, et de Lembeye à Arzacq, une petite place connue sous le nom de la Gleysiote

  1. À Bournos, même canton, il y a une maison qui porte le nom de Chrestiaa.