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vulgairement appelés Capots et ladres blancs, qui présentent une leucé générale. En effet, leur véritable mal, ce n’est pas l’éléphantiasis proprement dite, que l’on définit un chancre de tout le corps et qui provient uniquement de l’atrabile, par suite de l’inflammation de toutes les humeurs ; ce n’est pas non plus ce que les Grecs appellent lèpre, et qui n’est qu’une affection de la peau, ni le mélas, sorte de vitilige. C’est dans la pituite que la capoterie a sa source ; tout l’indique : blancheur complette et presque de neige, absence de toute démangeaison, surface du corps égale et unie, et bouffissure de la face. La seule chose qui fasse supposer qu’ils ne jouissent pas d’une parfaite santé, c’est leur mauvaise haleine : ce qui provient de la facilité avec laquelle leur pituite se corrompt. Cette affection n’est pas contagieuse, comme la lèpre ; elle ne se gagne même pas par le commerce des deux sexes ; elle n’est qu’héréditaire et se transmet aux enfants. En effet, il n’y a que celui qui est né de parents capots, soit de père et de mère, soit de l’un des deux seulement, en qui l’on découvre la capoterie, c’est-à-dire qui soit affecté d’une leucé naturelle et générale ; voilà du moins ma conjecture. C’est ainsi que les lézards verds font des lézards verds, et les polypes blancs des polypes blancs. C’est donc avec raison qu’on leur interdit de se marier hors de leur caste, de peur que ce mal, qui s’est maintenu avec une invincible persistance dans une certaine population, ne s’étende davantage. La première origine de ce mal remonte à des individus primitivement atteints d’une affection qui se rapproche beaucoup de l’anasarque[1], et qui provenait, ou de la mauvaise qualité des aliments, ou d’un désordre dans les fonctions digestives : ce que donnent aisément à entendre les ingénieux raisonnements de

  1. Hydropisie du tissu cellulaire.