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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/16

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Galien, liv. iii, Des causes des symptômes, chap. v[1]. »

Après Laurent Joubert, qui probablement n’avait jamais vu de Cagot, vient le commingeois François de Belle-Forest, dont voici textuellement les paroles : « Je ne veux oublier qu’es pays de Béarn, et de Bigorre, et par presque toute la Gascoigne il y a une sorte d’hommes, que ceux du pays appellent les uns Capots, les autres Gahets, mais que touts detestent en general, et fuyent leur accointance pour les avoir en opinion qu’ils sont ladres. Aussi ne leur est-il permis de se tenir dedans les villes, ains és fauxbourgs, et là encor escartez de touts les autres : voire és Eglises on leur fait une closture a part, affin qu’ils n’infectent les autres. Ils sont touts charpentiers, et tonneliers, et n’en trouverez pas un qui face autre mestier, beaux hommes, laborieux, fort mechaniques : et au reste portans en leur face, et actions quelque cas qui les rend dignes de celle detestation, en laquelle on les a ainsi par tout : outre ce tant beaux soyent ils, ny eux ny leurs femmes, si ont ils touts l’haleine puante, et les approchant vous sentez ne sçay quel mal plaisante odeur sortir de leur chair, comme si quelque malediction de pere en fils, tomboit sur ceste race miserable d’hommes. Quant a dire d’où cela provient, les opinions en sont diverses, les uns reportent cela a la malediction donnée par Helisee à Giezi son serviteur, et asseurent que ce genre d’hommes sont de sa race, a laquelle la lepre de Naaman (selon le dit du prophete) doit adherer jusqu’a la fin du siecle : d’autres dient que ce sont les restes des Goths demourez en Gascoigne : mais c’est fort mal parlé, car la plus part des maisons d’Aquitaine, et d’Espaigne, voire les plus grandes, sont issues des Goths, lesquels long

  1. Laur. Jouberti Val. Delph. in Galeni libros de Facultatibus naturalibus Annotationes, discipulis suis dictatæ, anno Domini m.d.lxiii In cap xi. (Laur. Iouberti… Operum Latinorum Tomus primus, Francofurti, apud heredes Andreæ Wecheli, m.d.xc.ix. in-folio ; p. 174, lig. 16).