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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/21

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valeur des bruits répandus sur leur compte. Voici ses paroles : « Outre plus il faut estimer, que lorsque les signes (de la lèpre) apparoissent au dehors, le commencement est long temps auparavant au dedans, à raison qu’elle se fait tousjours plustost aux parties interieures qu’exterieures : toutesfois aucuns ont la face belle, et le cuir poly et lissé, ne donnant aucun indice de Lepre par dehors, comme sont les ladres blancs, appellez Cachots, Cagots, et Capots, que l’on trouve en basse Bretagne, et en Guyenne vers Bordeaux, où ils les appellent Gabets[1] : és visages desquels bien que peu ou point des signes sus alleguez apparoissent, si est-ce que telle ardeur et chaleur estrange leur sort du corps, ce que par expérience j’ay veu : quelquefois l’un d’iceux tenant en sa maison l’espace d’une heure une pomme fresche, icelle apres apparoissoit aussi aride et ridee, que si elle eust esté l’espace de huict jours au Soleil. Or tels ladres sont blancs et beaux, quasi comme le reste des hommes, etc.[2] »

Guillaume Bouchet, qui dix ans plus tard reproduisait les mêmes détails, à quelque chose près, nous apprend qu’il y avait de son temps des Cagots dans le Poitou : « … Laissant le particulier, on se va mettre sur le general : mettant en avant le pays où il y avoit le plus de ladres. Et fut trouvé que nostre Poictou n’en estoit gueres taché : à cause de la region qui est temperee : que s’il y en avoit, que c’estoyent ladres blancs, appeliez cachots, caquots, capots, et gabots qui ont la face belle : que s’ils sont ladres, ils le sont dedans le corps : le commencement de ladrerie estant long temps au paravant au dedans avant que paroistre : à raison que la lepre se fait

  1. Capots, édit, de Paris, Gabriel Buon, 1575, in-folio, p. 623. L’édition de 1568 portait : « … comme sont les ladres blancs, appelés Cachos, que l’on trouve en basse Bretagne, et plusieurs autres lieux, qui m’est une chose indicible. »
  2. Les Œuvres d’Ambroise Paré, conseiller et premier chirurgien du roy… À Paris, chez Barthelemy Macé, 1607, in-folio ; vingtiesme livre, chap. xi, p. 744, Du prognostic de Lepre.