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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/22

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tousjours plustost aux parties intérieures qu’exterieures[1] ».

Quelques pages plus loin, le conteur poursuit en ces termes : "Sur la fin de la Seree, laissans la lepre particuliere, ils se mirent à disputer si les capots de Gascogne estoyent vrayement ladres : mais n’en estant rien conclud, je ne mis rien en ma memoire[2]. » Ce passage, réellement curieux, achève de prouver que dans le même temps que les parlements et les assemblées législatives traitaient les Cagots à peu près comme des lépreux, c’est-à-dire à la fin du XVIe siècle, il y avait déjà doute qu’ils le fussent, et qu’il était impossible à un savant, comme l’était Bouchet, de disserter, à leur sujet, plus amplement que ne l’avait fait François de Belle-Forest, dont il ne pouvait manquer de connaître le livre.

Mieux avisé que Paré et Bouchet, un chirurgien contemporain, qui avait eu plus d’une fois occasion d’examiner des lépreux, déclare en ces termes que les Cappots ou Cagots ne sont vrais ladres : « Arnobius… dict, que la lepre de l’ancien Testament, et mesme aussi celle que nostre Seigneur Jesus-Christ guerit en conversant avec les hommes, n’estoit que la pure Vitiligo blanche (que les Juifs appelloyent lepre, Barrat ou Albarrat), les Grecs la nommoyent λευκῆ, les Arabes Guada ou Alguada, d’où, à mon advis, est procedee l’erreur de quelques uns, qui veulent que les personnes saisies de ceste lepre blanche (qu’aucuns estiment estre la vraye Cappoterie) descrite en ces lieux du vieil Testament, soyent appellez ladres blancs, Cappotz, Cagotz, ou Cangotz. Toutesfois ils sont fort deceus, comme il leur sera facile à juger, lors qu’ils auront leu, et bien observé entre autres livres, et passages, ce que monsieur Augier Ferrier (Médecin de ceste ville, et grand Alpheste) en a escrit en sa

  1. Troisiesme Livre des Serees de Guillaume Bouchet… À Paris, chez Adrian Perier, m.d.xcviii. petit in-12 ; pag. 483.
  2. Ibidem, p. 521.