laissent pas de se répandre, par voie de tradition, parmi nous[1], » etc. L’auteur dit aussi ce qu’il pense de ces injustes traitements, et il se donne la peine de démontrer en vingt pages, soit par l’Écriture-Sainte, soit par le témoignage de l’antiquité, que cette conduite n’est conforme ni à la saine raison ni à notre sainte religion.
Au commencement du XVIIe siècle également, le savant André du Chesne parlait ainsi des Cagots, dans un ouvrage que l’abbé Ladvocat voudrait retrancher du catalogue de ses productions[2] : « Je ne veux oublier finissant ce Chapitre… qu’en ce pays, comme en celuy de Bearn, et en plusieurs endroicts de Gascongne, habite une sorte d’hommes appeliez vulgairement Capots ou Gahets, qu’un chacun fuit et déteste comme ladres, et qui ont l’haleine fort puante, tous charpentiers et tonneliers, vrays restes de la race de Giezi, ou comme tiennent quelques uns, des Albigeois heretiques. Quoy que c’en soit, séparez du commun, et de domicile pendant leur vie, et de cimetière après leur mort[3]. »
L’opinion qui donnait aux Cagots les Juifs pour ancêtres n’était qu’une croyance populaire née d’une mauvaise application d’un verset de l’Ecriture-Sainte, lorsqu’un savant, adoptant cette origine, y joignit une démonstration puisée dans la philologie. Suivant François Bosquet[4], les Capots auraient été ainsi nommés du latin capus, qui signifie dans
- ↑ Drecho de Naturaleza, fol. 126 et 127.
- ↑ « Il y a tout lieu de croire que cet ouvrage, attribué à André du Chesne, n’est pas de lui, car il étoit trop habile pour faire un tel livre. »
- ↑ Les Antiquitez et Recherches des villes, chasteaux, et places plus remarquables de toute la France… À Paris, chez Louys Boulenger, m.dc.xxix. in-8 ; second livre, chap. xxiii, pag. 732,733.
- ↑ Innocentii tertii pontificis maximi Epistolarum Libri quatuor, Regestorum xiii.xiv.xv.xvi… Nunc primum edunt sodales eiusdem collegij (Fuxensis), et Notis illustrat Franciscus Bosquetus Narbonensis ICtus. Tolosæ Tectosagum, apud societatem Tolosanam, m.dc.xxxv. in-folio ; notæ, pag. 35,36.