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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/35

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ou Chasseurs des Goths, par une signification active : de mesme que Ciceron nomme Chiens, ces effrontés qui servoient aux desseins de Verrés, pour butiner la Sicile ; si l’on n’aime mieux croire que c’est un ancien Reproche, et terme de mespris tiré de ce convice de Concagatus, dont il est fait mention dans la Loi Salique. Ce qui peut estre confirmé, de ce que lors qu’on veut à bon escient mespriser ces gens, ou injurier quelque autre personne, on employe le nom de Cagot pour un Convice tres-atroce.

« VII. Pour clorre ma conjecture, touchant la descente des Cagots, et la defence qui leur est faite de se mesler en conversation familiere avec le reste du Peuple ; je pense qu’outre l’opinion de la lepre qu’on leur a tousjours imputée, l’ordre qui fut tenu dés le commencement en leur conversion, peut avoir donné lieu à la Coustume qui a perseveré depuis, de les escarter du commerce ordinaire des hommes, particulierement en ce qui regarde les repas, que nos païsans ne veulent jamais prendre communément avec eux. Car comme ils devoient estre instruits en la foi Chrestienne, avant que de recevoir le Baptesme, et passer par les degrés des Catechumenes, pendant une ou deux années à la discretion des Evesques ; il faloit aussi qu’ils fussent traictés en qualité de Catechumenes, pour ce qui regarde la conversation avec les autres Chrestiens ; qui estoit severement interdite aux Catechumenes, ainsi que l’on voit dans le Chapitre v. du Concile de Mayence tenu sous Charlemagne, en ces termes : Les Catechumenes ne doivent point manger avec les baptizés ni tes baiser, moins encore les Gentils ou Payens. Ce qui fut fait au commencement par ceremonie Ecclesiastique, d’escarter les Sarasins nouveaux Catechumenes de la communication des repas et du baiser avec les autres Chrestiens, passa en Coustume à cause de la haine de la nation, accompagnée du soupçon de ladrerie ; qui s’est augmenté