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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/70

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rendent digne de remarque. Dans un intéressant article de l’un de nos meilleurs recueils, M. Souvestre s’exprimait ainsi : « Peut-être le mépris pour les professions mécaniques vient-il de ce que beaucoup d’entre elles furent primitivement exercées, en Bretagne, par des étrangers, des Bohèmes et des Juifs, que l’on désigne sous le nom détesté de Caqueux. Quoi qu’il en soit, ce mépris s’enracina fortement, et il s’est maintenu partout jusqu’à nos jours[1]. » Un autre Breton, M. Aurélien de Courson, a également fait mention des Caqueux, dans l’ouvrage qu’il a publié en 1840, sous le titre d’Essai sur l’histoire, la langue et les institutions de la Bretagne armoricaine[2] ; et s’il s’est borné à répéter ce qui était déjà connu, il faut croire que ses recherches dans les archives de la Bretagne n’ont fait tomber entre ses mains aucun document nouveau relatif à ces malheureux. Toutefois, il ne paraît pas avoir eu connaissance du livre de M. Manet[3], qui, comme M. Habasque, confond les Caqueux avec les lépreux, et qui cite[4], sur ces premiers, deux pièces dont nous ferons usage plus loin.

Plus bref encore que ses trois compatriotes, M. Théodore de la Villemarqué dit quelques mots des Caqueux, mais c’est pour les confondre avec les lépreux, dont il faut soigneusement les distinguer ; il ajoute que « les Kakous sont le sujet de plusieurs chansons populaires[5]. »

  1. Industrie et commerce de la Bretagne. § 1er. (Revue des deux Mondes, tom. iv, quatrième série, Paris, 1835, pag. 400).
  2. Paris, le Normant, in-8, pag. 337, 338.
  3. Histoire de la Petite-Bretagne, ou Bretagne-Armorique, etc. Saint-Malo, imp. de Caruel, 1834, deux volumes in-8.
  4. Tome ii, pag. 300 et 301, en note.
  5. Barzas-Breiz. Chants populaires de la Bretagne… Paris, Charpentier, 1839, deux volumes in-8 ; tom., pag. 254, 255. Il est juste de faire observer que la chanson dont M. de la Villemarqué donne le texte et la traduction, se rapporte évidemment à un lépreux confirmé : c’est ce qui nous a engagé à ne pas la comprendre dans le recueil des chansons et poèmes relatifs aux Cagots que nous insérerons à la fin de ce livre.