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des Charpentiers ou des Cagots. La porte par laquelle ces parias devaient entrer dans l’église existe encore avec leur bénitier, au couchant de cet édifice ; mais elle est murée. Une partie du cimetière leur avait été assignée, et on continue à les y enterrer ; mais il est à croire que cela tient plutôt à l’usage établi qu’à toute autre cause, usage qui consiste à inhumer autant que possible chaque individu auprès de ses ancêtres. Au reste, les habitants de Montgaillard n’éprouvent aucune répugnance à s’allier avec les Cagots.

À Campan, chef-lieu de canton dans l’arrondissement de Bagnères-en-Bigorre, à une lieue et demie de cette ville, il y a cinq ou six familles que le préjugé flétrit du nom de Cagotes et tient reléguées dans un quartier séparé du gros de la commune, appelé quartier des Cagots[1]. « J’ai, m’écrit M. le docteur Abadie, connu les chefs de ces familles ; ils exerçaient tous le métier de charpentier. Il y a cinquante ans, ces familles ne s’alliaient qu’entre elles ; aujourd’hui, elles se sont mêlées aux autres habitants. Leur physionomie ne présente aucun caractère particulier. On remarque seulement que les individus provenant des familles Pescadère, Latoure, Lacôme et Daléas, ont la peau très-blanche et les yeux gris, circonstances d’organisation, ajoute M. Abadie, qui s’expliquent par la prédominance du système lymphatique, résultat d’une habitation froide et humide. »

Les individus réputés cagots étaient, il n’y a pas longtemps, enterrés à part dans le cimetière commun[2] ; ils entraient dans l’église par une porte particulière[3], et y occu-

  1. À l’orient de Campan, sur la rive droite de l’Adour. Le reste de la commune est sur la rive gauche.
  2. Dans l’ancien cimetière attenant à l’église. On avait affecté aux Cagots la partie occidentale.
  3. C’est aussi par la porte la plus occidentale qu’ils entraient & l’église.