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Larroque, commune du même canton que Guizerix, joua à son curé : il mit du gravier dans la serrure de la porte par laquelle ce dernier entrait, pour l’obliger à passer par celle des Cagots. Il n’y a pas à douter que le tour ne fût sanglant, puisqu’on en a conservé la mémoire dans le pays. On y garde également le souvenir d’une espièglerie dont nous n’aurions pas cru les Cagots capables et dont on n’a pu nous dire le but. À en croire une octogénaire, ils auraient creusé un trou fort profond au bas de la côte, près du ruisseau de la Jeze, et fait sortir de là des cris semblables à ceux d’une personne qui se plaint, à la grande terreur des lavandières, qui n’auraient plus osé approcher de l’eau sans être escortées. La même octogénaire rapporte qu’ils avaient creusé un autre trou pareil dans le padouent, ou bois communal, et que le peuple, ignorant d’où provenaient ces cris, s’y était transporté processionnellement pour les faire cesser. Il est permis de croire que les Cagots n’étaient pour rien dans cette affaire, qui probablement n’aura été mise sur leur compte qu’après coup, en raison de l’isolement dans lequel ils vivaient, et de l’opinion qu’on avait qu’ils étaient magiciens. Il existe encore à Larroque deux familles réputées issues de Capots.

Tel est aussi le nombre de celles qui sont signalées ainsi à Hachan, commune voisine. Il y en avait autrefois quatre, dont les membres étaient assez nombreux pour que tous les habitants, encore aujourd’hui, soient appelés la Capotaille de Hachan.

Il a existé aussi des Cagots dans la commune de Hèches (canton de la Barthe-de-Neste), située à l’entrée de la vallée d’Aure au pied d’une montagne, à environ douze kilomètres de Lannemezan : on le voit par la petite porte et le bénitier que l’église du lieu a conservés. On m’a également assuré qu’il se trouve une femme de pure race cagote au hameau