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de Lapoutge, qui dépend de Mazouan, commune située au pied de la montagne, à une demi-heure de Hères.

Dans la situation où se trouvait autrefois Lannemezan, il serait étonnant qu’il n’y eût pas eu de Cagots : ce n’était en effet qu’un petit village au milieu de forêts et de vastes landes, à douze ou quinze kilomètres de l’entrée de la vallée d’Aure, et par conséquent très-propre à leur retraite. Les habitans de race pure les reléguèrent au midi du village, dans un hameau voisin de la forêt communale appelé Cap-de-la-bielle, et l’on y trouve encore deux familles réputées d’origine cagote. Les alliances successives qu’elles ont contractées ont effacé leur type primitif ; mais, s’il faut en croire la tradition, leurs premiers ancêtres différaient des autres habitants par une tête plus grosse et par un crâne plus large. Ces familles n’étaient sans doute pas les seules de cette espèce qui existassent à Lannemezan ; mais les autres ont réussi à se fondre, par des alliances, dans la masse générale, et leur origine n’est plus connue. Avant qu’il en fût ainsi, ils ne pouvaient prendre de l’eau bénite que dans un bénitier particulier ni entrer à l’église que par une petite porte pratiquée au mur septentrional et donnant sous la tribune, place qui leur était assignée, avec défense de pénétrer plus loin. Je n’ai pu savoir s’ils étaient enterrés à part ; mais il existe, à côté de la porte dont il vient d’être question, une petite partie de cimetière longeant l’église vers le levant, où personne n’a été inhumé depuis nombre d’années : ce qui ferait présumer qu’ils étaient enterrés en cet endroit.

L’église de Campvern, village situé à six kilomètres de Lannemezan, au milieu de vastes landes, présente aussi une petite porta avec un bénitier à côté. Si l’on en croit les vieillards à qui l’on demande l’explication de ces deux choses, il y avait autrefois, dans un quartier du village, des gens qui vivaient séparés des autres habitants, pour lesquels ils