étaient des objets d’horreur. Ne pouvant les chasser, voyant d’ailleurs qu’ils étaient inoffensifs, ils les laissèrent tranquilles et leur permirent d’assister aux offices divins ; mais, ne voulant pas être confondus avec eux, ils firent percer une porte pour eux seuls et les placèrent à côté d’un pilier latéral à cette porte, sur lequel se trouve le millésime 1600. Les vieillards qui font ce récit croient bien se rappeler qu’on donnait à ces individus le nom de Cagots.
On raconte aussi, dans le pays, qu’à la même époque environ, un certain nombre d’hommes se réfugia dans le château de Mauvezin, dont on voit encore les ruines à un quart-d’heure de Campvern, qu’ils vivaient de rapines et entièrement séparés des autres habitants du pays, et qu’ils se mettaient à l’abri de la haine populaire au moyen d’un pont-levis. Un seul homme de Mauvezin, qui faisait journellement paître ses moutons aux environs de ce repaire, parvint à les aborder et à capter leur confiance. Il en devint maître à ce point qu’un jour, après s’être concerté avec les principaux habitants de son village, il engagea les individus en question à sortir tous du château, jusqu’à un boiteux qu’il porta sur ses épaules, pour aller jouer aux quilles dans un champ situé au midi de leur retraite, et qu’on appelle le Champ de Bataille. Après avoir joué avec eux un certain temps, il fit semblant d’avoir soif et feignit d’aller boire dans le château. Une fois entré, il lève le pont et se met à crier. À ce signal convenu, le tocsin sonne, et tous les habitants de Mauvezin se jettent en masse sur ces malheureux, qui, se trouvant sans armes et dans l’impossibilité de rentrer dans le château, succombent sous les coups des assaillants. On n’est pas bien d’accord sur le nom de la race à laquelle appartenaient les victimes. Certains croient que c’étaient des Cagots ; pour moi, je pense que c’étaient des Bohémiens. Il n’est point rare de trouver dans l’histoire des contrées mé-