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Page:Franck - Dictionnaire des sciences philosophiques, 1845, T2.djvu/13

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DANIEL. 5 qui lui soit propre. Th^ologien orthodoxe, il reproduit fid^lement la doc- trine de I’Eglise, et craindrait de I’alterer en cherchant a I’approfondir. 11 n’etait pas etranger a la connaissance de ranliquilej mais il n’a au- cune sympathie pour ses ecrivains. II veut ne recourir, selon ses termes. ni aux sources de I’eloquence ciceronienne, ni a la science de Plalon et de Pythagore, mais suivre les senliers frayes par la divine sagesse {0pp., t. Ill , p. 97, Mil. de Paris). Ailleurs, il gourmande les moines qui ^tudient les regies de Donat de preference a la regie de saint Benoit {lb., p. 130). Comme il est ordinaire, cette rigucur envers I’antiquite s’allia chez Pierre Damien a des tendances hostiles a la philosophic. 11 ne conteste pas qu’elle ne donne de la force a I’esprit dans la meditation des saints mysleres, mais il I’estime pen ; il aurait du penchant a la proscrire, et il la subordonne entierement a la theologie (./ft.^p. 271). En un mot, Pierre Damien est un ecrivain plus prudent qu’original, dont les ouvrages solides et senses ont joui au moycn Age d’unc juste c^lebrite, mais qui n’a exerce aucune influence notable sur la marche des idees. Les oeuvres de Pierre Damien ont et6 recueillies , sous le pontiGcat du pape Clement VllI, par le cardinal Constantin Cajetan, Rome, 1608-1615, en trois volumes in-f, reimprimes a Lyon en 1623. Le premier volume contient cent cinquante-huit lettres, divis^es en huit livresj le second , soixante-quinze sermons ou biographies j le troisieme, divers opuscules sur le dogme , la discipline et la morale, au nombre de soixante. Cajetan ajouta, en 16i0, un quatrieme volume renfermant des prieres, des hymnes , etc. Cette edition a servi de base a celles de Paris, in-f% k vol., 16i2 et 1663. Voyez Dupin , BibliotJicque des au- teurs eccUsiastiqnes du xi* siecle. — Oudin , de Scriptoribus ccclesiasticis, t. II, p. 686. — Histoire litteraire de France, t. viii. C. F.


DANIEL (Gabriel), ne a Rouen, en 16i9, entra au noviciatdes j^suiles de Paris, en 1607, fut successivement professeur de theologie a Rennes, bibliolhecaire de la maison professe de Paris, et obtint de Louis XIV, avec le tilre d’historiographe de France , une pension de 2000 livres dont il jouit jusqua sa mort, arrivee en 1718. Le P. Daniel est connu principalement par son Histoire de France; mais il s’est fait aussi un nom comme theologien ct comme philosophe, ou du moins comme adversaire de la philosophic cartesienne, a laquelle son ordre avait declare une guerre d’exlermination. Les ouvrages qu’il a ecrits en cette derniere quaUte, les seuls, par consequent, dont nous ayons a nous occuper ici , sont : le Voyage du monde de Descartes et le Traite metaphysiqtie de la nature du moutement , le premier publie en 1690, le second en 172i, et contenus Tun et I’autre dans le premier volume du recueil de tous les ouvrages philosophiques et Iheologiques du P. Da- niel (3 vol. in-i% Paris, 1724). Le Voyage du monde de Descartes, est plut6t une satire qu’un traite do philosophie, mais une satire agreablement ecrile et aussi bienveillante que I’esprit desjesuites et lebut meme de leur institution pouvaient le permettre. Si le cartesianisme et la philosophie en general y sont trailes avec le plus profond dedain et une legerete qui n’exclut point les insi- nuations perlides, ni les plusodieuses pretentions sur la liberie de I’es-