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Page:Franck - Dictionnaire des sciences philosophiques, 1875.djvu/114

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imaginaire, à qui l’on attribue, sous forme de lettre, l’histoire fabuleuse de la traduction des Septante. Cette lettre, d’un grand intérêt pour l’histoire des livres canoniques, mais qui n’appar­tient que très-indirectement à l’histoire de la phi­losophie, se trouve ordinairement imprimée avec les œuvres de Flavius Josèphe (Antiq. jud., liv. XII, ch. n), mais elle a été aussi publiee séparé­ment à Bàle, en 1561, par Richard Simon. Depuis, elle est devenue l’objet de nombreuses disserta­tions.

ARISTIDE^ philosophe athénien du 11e siècle après J. C. ; il se convertit à la religion chré­tienne, mais n’en conserva pas moins les allures et la méthode de la philosophie païenne. Lors du séjour que l’empereur Adrien fit à Athènes du­rant l’hiver de l’année 131, Aristide lui remit un ouvrage apologétique sur le christianisme. Cet ouvrage n’est pas arrivé jusqu’à nous ; mais nous pouvons nous en faire une idée par Justin le martyr, considéré comme son imitateur. Voy. Eusèbe, Hist. ecclés., liv. IV, ch. m, et la plu­part des écrivains ecclésiastiques.

ARISTIPPE naquit à Cyrène, colonie grecque de l’Afrique, cité riche et commerçante (Diogène Laërce, liv. II, ch. vm). 11 florissait 380 ans avant J. C. La réputation de Socrate l’attira à Athènes, où il suivit les leçons de ce philosophe. C’était un homme d’un caractère doux et accommodant, d’une humeur facile et légère, de goûts voluptueux. Socrate essaya vainement de le ramener à une vie plus sévère et plus grave.

Aristippe composa un assez grand nombre d’ou­vrages, à en juger du moins par la longue liste que nous en donne Diogène Laërce. Quelques ti­tres seulement indiquent des traités de morale ; la plupart annoncent des sujets frivoles ou étran­gers à la philosophie. De tous ces livres, du reste, il ne s’est pas conservé une seule ligne.

La doctrine d’Aristippe n’a d’autre objet que la fin morale de l’homme. Cette fin, suivant lui, c’est le bien ; et le bien, c’est le plaisir. Or il y a trois états possibles de l’homme, ni plus, ni moins:le plaisir, la douleur, et cet état d’indifférence qui est pour l’âme une sorte de sommeil. Le plaisir est, de soi, bon ; la douleur est, de soi, mauvaise. Chercher le plaisir, fuir la douleur, voilà la destinée de l’homme.

Le plaisir a son prix en lui-même. Quelle que soit son origine, il est également bon.

Le plaisir est essentiellement actuel et présent ; l’espérance d’un bien à venir est toujours mêlée de crainte, parce que l’avenir est toujours incer­tain. Il faut donc chercher avant tout le plaisir du moment, le plaisir le plus vif et le plus im­médiat. Le bonheur n’est pas dans le repos, mais dan ? le mouvement, ηδονή έν κινήσει.

Telle est la doctrine morale d’Aristippe. Son caractère distinctif, c’est de faire résider la fin de l’homme et son souverain bien, non pas, comme Épicure, dans le calcul savant et la recherche habile et prévoyante du bonheur, ευδαιμονία, mais dans la jouissance actuelle et présente, dans le développement de la sensibilité livrée à ses pro­pres lois et à tous ses caprices, en un mot dans l’obéissance passive aux instincts de notre nature. C’est là ce qui donne à cette doctrine, dans sa faiblesse même, quelque intérêt historique et quelque originalité.

Voy. Mentzii, Aristippus philosophus socraticus, seu de ejus vita, moribus et dogmatibus commentarius, in-4, Halle, 1719. Wieland, Aristippe, in-8, Leipzig, 1800.Développement de la morale d Aristippe} dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions, t. XXVI. Kunhardt, de Aristipp. pliilosoph. moral., in-4, Helmst., 1796.

ARISTIPPE le Jeune, petit-fils d’Aristippe

l’Ancien et fils d’Arété. Initié par sa mère à la doctrine qu’elle-même avait reçue de son père, il fut pour cette raison surnommé Métrodiaacte (instruit par sa mère). Il n’est pas sûr qu’il ait rien publié ; mais des quelques paroles de Dio­gène Laërce (liv. II, ch. lxxxvi et lxxxvij) on a supposé qu’il avait développé et systématisé la philosophie de son aïeul. 11 établissait une dis­tinction entre le plaisir en repos, qu’il regardait seulement comme l’absence de la douleur, et le plaisir en mouvement, qui est le résultat de sensations agréables, et doit être, selon lui, con­sidéré comme la fin de la vie ou le souverain bien.

ARISTOBULE. Ainsi s’appelait un frère d’IÎ-

picure. épicurien lui-même comme Néoclès et Chéréaème, ses deux autres frères. Tous trois paraissent avoir été tendrement aimés du chef de l’école épicurienne ; ils vivaient en commun avec lui, réunis à ses disciples les plus chers ; mais aucun d’eux ne s’est personnellement distingué (Diogène Laërce, liv. X, ch. m, xxi).

ARISTOBULE, philosophe juif dont le nom nous a été transmis par Eusèbe et saint Clément d’Alexandrie, florissait dans cette dernière ville sous le règne de Ptolémée Philométor, c’est-à-dire environ laO ans avant l’ère chrétienne. Telle est du moins l’opinion la plus probable ; car il y a aussi un texte qui le fait vivre sous le règne de Ptolémée Philadelphe et qui le comprend dans le nombre des Septante (Eusèbe, Hist. ecclés., liv. VII, ch. xxxii). Le caractère famileux de l’his­toire des Septante, telle que Josèphe la raconte au nom d’Aristée, étant un fait universellement reconnu, le rôle qu’on y fait jouer à Aristobule signifie seulement qu’il a contribué un des pre­miers à répandre parmi les Grecs d’Alexandrie la connaissance des livres saints. En effet, s’il n’a pas publié une traduction de ces livres, il est du moins certain qu’il a composé sur le Pentateuque un commentaire allégorique et philosophique en plusieurs livres, dont la dédicace était offerte au roi Ptolémée. Cet ouvrage n’est point parvenu jusqu’à nous ; mais les deux auteurs ecclésiasti­ques que nous avons cités plus haut nous en ont conservé quelques fragments dont l’authenticité ne peut guère être contestée, et qui marquent assez nettement le rang d’Aristobule dans l’his­toire de la philosophie. Il peut être regardé comme le fondateur de cette école moitié perse moitié grecque, dont Philon est la plus parfaite expression, et qui avait pour but, en faisant de l’Ecriture une longue suite d’allégories, de la concilier avec les principaux systèmes de phi­losophie, ou plutôt de montrer que ces systèmfes sont tous empruntés des livres hébreux. Les doctrines péripatéticiennes faisaient le fond des opinions philosophiques d’Aristobule ; mais il y mêlait aussi quelques idées de Platon, de Pythagore et un autre élément qui a pris chez Philon un développement considérable. Ainsi, dans les fragments qu’on lui attribue, la Sagesse joue absolument le même rôle que le Logos ; elle est éternelle comme Dieu, elle est la puissance créa­trice, et c’est par elle aussi que Dieu gouverne le monde. Le nombre sept est un nombre sacré, emblème de la divine sagesse ; c’est pour cela qu’il marque le temps où Dieu termina et vit sortir parfaite de ses mains l’œuvre de la création. Enfin il professe aussi cette croyance, dont Philon s’est emparé plus tard, que Dieu, immuable et incomprehensiLie par son essence, ne peut pas être en communication immédiate avec le monde; mais qu’il agit sur lui et lui révèle son existence par certaines forces intermédiaires (δυνάμεις). Ces forces paraissent être au nombre de trois:d’abordla