Page:Franck - Dictionnaire des sciences philosophiques, 1875.djvu/174

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principe suprême de toute science, de toute philosophie, est le principe d’identité logique ou de contradiction, principe qui doit servir aussi de pierre de touche pour reconnaître la vé­rité d’une proposition quelconque. D’où il suit’deux choses : la première, qu’il n’y que des • vérités logiques, c’est-à-dire des vérités qui ne concernent que le rapport des idées entre elles, et non point le rapport des idées aux choses ; à moins toutefois que l’identité logique ne puisse être convertie en une identité reelle ou méta­physique. L’autre conséquence de ce principe, c’est que tout ce qui n’implique pas contradic­tion est vrai. Mais si l’identité logique n’est pas la même que l’identité ontologique ou réelle, l’absence de toute contradiction ne permettra de conclure qu’une vérité logique, et point du tout une vérité réelle. Or une vérité logique, par opposition à une vérité réelle, n’est pas autre chose qu’une pure possibilité, et même une possi­bilité subjective ou formelle, et non une possibi­lité intrinsèque ou tenant de la nature même des choses, de leur essence la plus intime. Bardili a fort bien aperçu la difficulté, et, comme il ne peut se résigner à reconnaître que des vérités de l’ordre logique, il applique aussi son principe aux vérités métaphysiques, et en déduit cet autre principe moins élevé, à savoir, que rien de ce qui implique contradiction n’existe, et que tout ce qui n’implique pas contradiction (tout ce qui est possible) existe réellement.

Il n’est pas nécessaire de relever ce qu’il y a d’erroné dans une semblable assertion. Mais nous ferons remarquer que cette erreur a son origine dans le point de départ purement logique de l’auteur, dans la prétention de faire du prin­cipe de contradiction le critérium de toute vé­rité.

Bardili a cru pouvoir s’élever de l’identité lo­gique à l’identité métaphysique, en faisant con­sister toutes les fonctions" de la pensée dans la conception du rapport qui unit les deux termes des jugements, et que nous exprimons par le verbe être. Il prouve bien que, considéré en luimême, ce rapport est constant, universel ; mais il conçoit en même temps que par lui seul il ne constitue pas la connaissance proprement dite, et que, d’un autre côté, admettre les termes du ju­gement parmi les données de l’intelligence, c’est tomber dans le variable, le contingent ; c’est sortir de la ligne qu’on s’était tracée en voulant faire dériver toute la philosophie du principe d’identité. En deux mots, si Bardili reste fidèle à son principe d’identité, il n’a qu’une forme vide, sans réalité, et la théorie de la connaissance est impossible ; si, au contraire, il tient compte de la matière déterminée, diverse, ou des termes va­riables de nos jugements, il s’écarte de son prin­cipe et des conséquences qui en découlent. C’est ce dernier parti que prend l’auteur, mais en fai­sant pille efforts pour dissimuler sa marche in­conséquente. Cette doctrine n’est donc pas^ comme le croyait Reinhold, qui s’y était laisse prendre, un réalisme rationnel, mais tout sim­plement un idéalisme qui dégénère, par incon­séquence, en réalisme. Cette transition vicieuse s’est opérée au moyen d’une double confusion:l’être logique a été converti en un être réel, et la matière de la pensée en une matière véritable. Celle-ci s’est ensuite déterminée en minéral, en plante, en animal en homme, en Dieu.

Bardili prétend prouver la réalité de l’espace et du temps, par la raison que les animaux, dont sans doute il suppose l’âme exempte de certaines lois de notre faculté perceptive, ont aussi les no­tions de temps et d’espace.

Les ouvrages laissés par Bardili sont · Époques

des principales idées philosophiques, in-8, lro partie, Halle, 1788 ; Sophylus, ou Mora­lité et nature considérées comme les fondements de la philosophie, in-8, Stuttgart, 1794 ; Phi­losophie pratique générale, in-8, Stuttgart, 1795 ; des Lois de l’association des idées, Tubingue ; 1796 ; Origine des idées de l’im­mortalité et de la transmigration des âmes, Revue mensuelle de Berlin, 2° liv., 1792 ; de l’Origine de l’idée du libre arbitre, in-8, Stuttgu-t, 1796 ; Lettres sur l’origine de la métaphysique} in-8, Altona, 1798 ; Philosophie élémentaire, in-8, 2° cahier, Landshut, 18021806 ; Considérations critiques tur l’état ac­tuel de la théorie de la raison, in-8, Landshut, 1803 ; Correspondance de Bardili el de Rcinhold sur l’objet de la philosophie et sur ce qui est en dehors de la spéculation, in-8, Munich, 1804. Son principal ouvrage est l'Esquisse de la logique première, purgée des erreurs qui l’ont généralement défigurée jusqu’ici, particu­lièrement de celles de la logigue de Kant ; ou­vrage exempt de toute critique, mais qui ren­ferme une Medicina mentis} destinée principale­ment à la philosophie critique de l’Allemagne, in-8, Stuttgart, 1800.J.T.

BAROCO. Terme mnémonique de convention, par lequel les logiciens désignaient un des modes de la seconde figure du syllogisme. C’est de ce terme qu’a été formé vraisemblablement le mot baroque. Voy. la Logique de Port-Royal, 3e par­tie, et l’article Syllogisme.

BASEDOW (J. Bernard), né à Hambourg en 1723, mort en 1790, philanthrope et pédagogue, auteur de plusieurs ouvrages dans lesquels il propose comme critérium pratique du vrai ou de la vraisemblance, le bonheur; l’assentiment intérieur et l’analogie:Philaléthie ou nouvelles considérations sur la vérité el la religion ra­tionnelle jusqu’aux limites de la révélation, Altona, 1764, in-8 ; Système métaphysique de la saine raison, ibid., 1765, in-8; Philosophie pratique pour toutes les conditions de la so­ciété, Dessau, 1777, 2 vol. in-8. Tous ces ouvrages sont écrits en allemand.

BASILIDE. On connaît trois philosophes de ce nom:un épicurien, qui vécut vers la fin du ine siècle avant J. C. ; un stoïcien, contemporain de Dion Chrysostôme et de Sénèque; un gnostique d’Alexandrie, au ne siècle après J. C.

BASSUS AUFIDIUS est un [philosophe épi­curien contemporain de Sénèque, qui seul nous a transmis son nom dans une de ses lettres [epist. xxx), il nous fait l’éloge le plus pom­peux de sa patience et de son courage en pré­sence de la mort. Quant aux opinions parti­culières de Bassus, si toutefois il a été autre chose qu’un philosophe pratique, elles nous sont totalement inconnues.

BATTEUX (Charles), écrivain français, né en 1713, mort en 1780, est surtout connu par des ouvrages de rhétorique qui après avoir été en grand crédit sont aujourd’hui très-oubliés. Mais il a composé plusieurs traités qui touchent à la philosophie. Sans parler de la Morale d’Épicure tirée de scs propres écrits, Paris, 1758, on doit mentionner son Histoire des causes premières, exposé sommaire des pensées des philosophes sur le principe des êtres, Paris. 1769, et les Beaux-Arts réduits à un même principe, Paris, 1746. Ces deux écrits sans prétention ne sont pas absolument sans mérite. Dans le premier, l’abbé Batteux divise en trois époques toute l’aistoire de la philosophie, et se propose dans ses courtes notices de fournir « des espèces de précis ou de résultats pour ceux qui veulent savoir à peu près. » Dans ces limites, on peut dire qu’il a réussi