Page:Franck - Dictionnaire des sciences philosophiques, 1875.djvu/253

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syllogisme. Voy. la Logique de Port-Royal, 3e partie, et l’article Syllogismk.

CALKER (Frédéric), philosophe allemand, pro­fesseur à l’université de Bonn depuis 1818, auteur d’un grand nombre d’ouvrages : sur la Signifi­cation de la philosophie, Berlin, 1818 ; Théorie des lois primitives du vrai, du bon et du beau, Berlin, 1820 ; Propédeutique delà philosophie, Bonn, 1820 ; Règles de la pensée ou Logique et Dialectique, Bonn, 1822. De tous ces écrits, le lus important est celui qui traite du vrai, du ien et du beau. Il ne peut pourtant pas mériter à son auteur le renom de penseur original. Il ne fait guère que reproduire les idées de Fries (voy. ce nom) en leur donnant une forme systématique et en se servant d’une terminologie qui lui est propre. Comme son maître, il semble incertain entre Kant et Jacobi, mais il finit par incliner vers ce dernier. En dernière analyse, tout a pour lui sa raison suffisante et sa fin dans la foi, con­sidérée sous trois aspects, dans la connaissance^ dans l’amour, dans l’action. Fries n’a pas manque de faire remarquer lui-même que Calker, en don­nant une place considérable à l’amour parmi les jouissances de l’âme humaine, n’a fait que se con­former à ses propres opinions.

CALLICLÈS. Nous ne connaissons Calliclès que par le Gorgias de Platon, où il nous est re­présenté comme un Athénien de distinction, in­timement lié avec les sophistes, très-vivement pénétré de leur esprit et de leurs doctrines, mais n’en faisant pas métier pour s’enrichir, et n’en développant que pour son propre compte les con­séquences morales et politiques. Il n’est pas pos­sible de croire que ce personnage soit imaginaire, lorsque tous les autres noms, chargés d’un rôle dans les drames philosophiques de Platon, appar­tiennent non-seulement à l’histoire, mais à l’his­toire contemporaine. Selon Schleiermacher (Introd. au Théétète, p. 335), Calliclès n’est qu’un prête-nom, et c’est Aristippe que Platon veut frapper en lui ; cette conjecture peut être vraie, mais il est difficile de la changer en certitude. Quoi qu’il en soit, généralisant les idées qu’il s’é­tait faites de la législation et du gouvernement dans la société démocratique où il vivait, Calli­clès regardait les lois comme l’œuvre de la mul­titude pour contenir les hommes qui pourraient s’élever au-dessus d’elle, comme l’œuvre des fai­bles pour enchaîner les forts. Il n’est pas le seul homme de son temps à qui on ait attribué des opinions de ce genre ; si nous en croyons Sextus Empiricus (Adv. Mathem., p. 318, édit. de Ge­nève ; Hyp. Pyrrh., p. 155), elles appartenaient aussi à Critias, l’un des trente tyrans d’Athènes.

CALLIPHON, philosophe très-obscur dont nous ne connaissons absolument rien, sinon cette opi­nion citée et adoptée par Carnéade, que le sou­verain bien consiste dans l’alliance du plaisir et de la vertu, en laissant toutefois à la vertu la prépondérance. Le nom même de Calliphon ne nous est connu que par cette obscure mention de Carnéade. Voy. Cicéron, Acad., lib. II, c. xui et xlv ; de Finibus, lib. II, c. vi ; TuscuL, lib. V, c.xxx et xxx !.

CAMERARIUS (Joachim Ier), littérateur et sa­vant universel, disent les biographes, naquit à Bamberg, en 1500, et mourut en 1574. Son vrai nom est Liebhard ; Camerarius n’est qu’un sur­nom donné à sa famille dont plusieurs membres avaient été chambellans. Enfin il est appelé Joa­chim Ier pour qu’on ne le confonde pas avec son fils dit Camerarius junior, médecin distingué de son temps. Il prit une grande part aux affaires religieuses et politiques de son siècle. Possédant à un très-haut degré de perfection l’intelligence du gi’ec et du latin, il fit passer avec bonheur plusieurs ouvrages de la première de ces deux langues dans la seconde. Il avait à peine treize ans/ que ses maîtres n’avaient déjà plus rien à lui ap­prendre. Ami de Mélanchthon, il rédigea, de con­cert avec lui, l’acte célèbre connu sous le nom de Confession d’/lu^sôourÿ.Naturellementgrave et sérieux, Camerarius ne parlait, dit-on, que par monosyllabes, même à ses enfants. Il avait une aversion si prononcée pour le mensonge qu’il le trouvait impardonnable jusque dans la plaisan­terie. Grammairien, poëte, orateur, historien, médecin, agronome, naturaliste, géomètre, ma­thématicien, astronome, antiquaire, théologien, Camerarius s’est fait aussi un certain nom en phi­losophie. Il passait surtout pour posséder supé­rieurement l’histoire ancienne de cette science. Éditeur d’Archytas, commentateur d’Aristote^ de Xénophon, de Cicéron, et de quelques autres écri­vains de l’antiquité, il s’était appliqué à pénétrer les doctrines mystérieuses des pythagoriciens^ et donnait, avec connaissance de cause, la préfé­rence à la morale d’Aristote sur les morales stoï­cienne et épicurienne. Il répétait, avec Cicéron, que les platoniciens et les académiciens différaient bien plus dans les mots que dans les choses. Parmi ses cent cinquante ouvrages indiqués dans les Mémoires de Nicéron, t. XIX, nous n’en trouvons qu’un assez petit nombre qui soient relatifs à la philosophie. Ce sont les suivants : Prœcepta mo­rum ac vitœ, accommodata œtati puerili, in-8, Bâle, 1541  ; Capita quædam pertinentia ad doctrinam de moribus, et civilis rationis facul­tatem, quæ est ethica et politica, in-8, Leipzig, 1561 ; Capita proposita ad disputandum, ea explicantia et distinguentia, quibus studium sapientiæ, quæ est philosophia, continetur, in-8, ib., 1564 ; Capita ad disputandum pro­posita, consuetudine A cademiœ lipsicœ in schola philos., in-8, ib., 1567 ; —’Γποθηχαί, sive Prae­cepta de principis officio ; ΙΙαρ^ινέσεις, sive Admonitiones ad prœcipuœ familiae adolescen­tem ; Gnomæ, sive Sententice generales sena­riis versibus comprehcnsœ. Ces trois derniers ouvrages ont été publiés par le fils de l’auteur, avec d’autres opuscules littéraires, sous le titre de : Opuscula quædam moralia, ad vitam lam publicam quam privatam recte, instituendam utilissima, etc., in-12, Francf., 1583. Camerarius a rendu d’autres services encore à la philosophie, soit en éditant, soit en traduisant, soit en com­mentant des ouvrages des philosophes grecs et latins. Fabricius, dans ses Bibliothèques grecque et latine, indique tous les travaux de ce genre dus à Camerarius.J. T.

CAMESTRES. Terme mnémonique de conven­tion par lequel les logiciens désignaient un des modes de la seconde figure du syllogisme. Voy. la Logique de Port-Royal, 3“ partie, et l’article Syllogisme.

CAMPANELLA (Thomas), né à Steynano, petit village près de Stylo, en Calabre, le 5 septembre 1568, est mort à Paris le 21 mai 1639, à l’âge de soixante et onze ans. Ses parents le destinaient à l’étude du droit ; mais, entraîné par le goût de la science et de la philosophie, il entra dans l’or­dre des dominicains. Bientôt il éprouva ce dégoût de la philosophie scolastique par lequel ont passé tous les hommes supérieurs de cette pé­riode. Il étudia successivement tous les systèmes de philosophie de l’antiquité, et pas un, pas même celui d’Arislote. ne put le satisfaire. Etant novice à Cosenza, il défendit avec éclat, dans des discussions publiques, Bernardino Telesio, dont il ne partageait pas toutes les idées, mais dont il admirait l’indépendance. Par la supériorité de son esprit, par ses attaques hardies contre Aris­tote, il excita bientôt contre lui des inimitiés