Page:Franck - Dictionnaire des sciences philosophiques, 1875.djvu/252

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sur la cause première des phénomènes de l’univers ? Cabanis, nous l’avons vu, avait déjà reconnu l’existence et l’unité de cette cause sous le nom de nature, mais sans s’expliquer sur aucun de ses attributs ; ici il ne fait pas diffi­culté de lui accorder de l’intelligence et de la volonté : aujourd’hui on l’accuserait, sans doute, de panthéisme, car il ajoute que ce principe d’intelligence doit être partout, puisque partout la matière tend à s’organiser.

Du reste, sa physiologie générale ressemble à sa physiologie de l’homme : il trouve que l’idée d’un système purement mécanique de l’univers ne peut entrer que dans peu de têtes, et qu’il faut toujours supposer une intelligence et une volonté dans cette cause générale.

Cabanis, en physiologie humaine, n’avait pas voulu se contenter des propriétés vitales de Bi­chat· il ne croit pas, non plus, que tous les phé­nomènes de l’univers soient le simple résultat des propriétés de la matière ; il ne croit pas, comme Bichat, qu’il aurait suffi à Dieu, pour tirer le monde du chaos, de douer la matière de trois ou quatre propriétés : il voit dans l’ordon­nance et dans la marche universelle des choses, une intelligence qui veille, et une volonté qui agit.

Mais Cabanis ne va pas plus loin dans sa croyance ; pour lui cette cause est, comme il le dit, une intelligence voulante, et rien de plus. L’intelligence et la volonté lui sont essentielles ; mais il ne se croit pas fondé à la revêtir d’autres attributs, tels que la bonté ou la justice, par exemple. Là s’arrêtent ces probabilités qui, du reste, lui paraissent plus fortes encore pour la cause première que celles qui militent en fa­veur de l’existence d’un principe immatériel dans l’homme.

Telles sont les modifications ou plutôt les extensions que les idées de Cabanis avaient éprou­vées vers les derniers temps de sa vie, à une époque où son intelligence n’était affaiblie ni par l’âge, ni par la maladie ; il avait alors à peine cinquante ans !

On ne saurait donc regarder sa lettre à M. Fau­riel comme une palinodie, ou comme une rétrac­tation ; c’est le dernier mot d’un penseur, d’un physiologiste de bonne foi, dont les idées étaient devenues plus justes et surtout plus étendues.

Les ouvrages publiés par Cabanis sont les sui­vants : Observations sur les hôpitaux, in-8, Pa­ris. 1789 ; Journal de la maladie et de la mort d’Hor.-Gabr.-Vict. Riquetti de Mirabeau, in-8, ib., 1791 ; Essai sur les secours publics, in-8, ib., 1796 ; Mélanges de littérature al­lemande, ou Choix de traductions de l’allemand, in-8, ib., an V (1797) ; du Degré de certitude en médecine, in-8, ib., 1797, et in-8, ib., 1802, avec des notes ; Rapport fait au Conseil des Cinq-Cents sur l’organisation des écoles de médecine, in-8, an VII (1799) ; Quelques con­sidérations sur l’organisation sociale en général et particulièrement sur la nouvelle constitution, in-12, ib., 1799 ; Traité du physique et du moral de l’homme, in-8, Paris, 1802, 2 vol. in-8 ; ib., 1803, augmenté de deux tables : l’une ana­lytique, par M. Destutt de Tracy, l’autre alpha­bétique, par M. Sue, 2 vol. in-8, ib., 1815, sous le titre de Rapport du physique el au moral de l’homme ; 2 vol. in-8, ib., 1824, avec la table et quelques notes de M. Pariset ; 3 vol. in-12, ib.,

  1. avec les tables et une Notice sur la Vie de l’auteur ; par Boisseau ; Coup d’œil sur la révolution el la réforme de la médecine, in-8, ib., an XII (1804) ; Observations sur les affec­tions catarrhales, in-8, ib., 1807 ; Lettre à M. F. sur les causes premières avec des notes, par Bérard, in-8, ib., 1824. Dans l’édition publiée en 1823-25, par Thurot, on trouve encore quelques autres travaux de Cabanis : tels que la Note sur le supplice de la guillotine ; le Travail sur l’éducation publique ; une Note sur un genre particulier d’apoplexie ; deux Discours sur Hip­pocrate ; une Notice sur Benj. Franklin ; un Éloge de Vicq-d’Azir ; une Lettre >ur les poëmes d’IIomère ; des Fragments de sa traduction de l’Iliade, et le Serment d’un médecin. M. L. Peisse a donné une excellente édition, annotée, des Rap­ports du physique et du moral de l’homme, Paris. 1844, in 8.F. D.

CAÏUS, philosophe platonicien du πβ siècle de l’ère chrétienne. Il passe pour avoir enseigné la philosophie, sans doute la philosophie platoni­cienne, au célèbre Galien. C’est tout ce qu’on sait de lui, car il n’a laissé aucun écrit.

CAJETAN (Thomas de Vio, dit), né à Caiète, aujourd’hui Gaëte, le 20 février 1469, entra à l’âge de seize ans chez les dominicains, professa avec succès la théologie à Brescia et à Pavie, de­vint procureur de son ordre en 1500, général en 1508, cardinal en 1517, et fut envoyé en Allema­gne, l’année suivante, avec le titre de légat, pour opérer un rapprochement entre le saint-siége et Luther. Au retour de cette mission qui ne put réussir, malgré les talents du négociateur, Cajetan obtint l’évêché de Caiète, qu’il conserva jus­qu’en 1530. Rappelé à Rome vers cette époque par Clément VII, il mourut dans cette ville le 9 août 1534. Le nom de Cajetan appartient principale­ment à l’histoire de l’Église ; cependant, parmi ses nombreux ouvrages, qui ont la plupart pour objet des points de théologie ou de discipline ec­clésiastique, la philosophie peut revendiquer des commentaires sur la Somme de saint Thomas, sur les Seconds Analytiques d’Aristote, les Catégo­ries, le traité de l’Ame, les livres du Ciel et du Monde, et la Physique. Quelques-uns de ces com­mentaires ont vu le jour ; d’autres sont restés manuscrits. Voy. la notice étendue consacrée au cardinal Cajetan par Quetif et Echard, dans la Bibliothèque des Frères Prêcheurs, t. II, p. 14 et suiv.X.

CALANUS. Tel est le nom sous lequel les au­teurs grecs nous ont conservé le souvenir d’un philosophe indien, d’un gymnosophiste, ou, comme nous dirions aujourd’hui, d’un brahmane qui s’attacha à la fortune d’Alexandre le Grand. Son vrai nom, suivant Plutarque (Vie d’Alexandre), était Spines· mais parce qu’à tous ceux qui l’a­bordaient il adressait le mot cala qui, dans sa langue, signifiait salut, les Macédoniens l’appe­lèrent Calanus. Il serait du plus haut prix pour l’histoire de la philosophie que l’on eût conservé de ce personnage quelques paroles, quelques sen­tences philosophiques ou religieuses ; mais nous ne connaissons absolument de lui que sa mort extraordinaire. Arrivé à l’âge de quatre-vingt-six ans, et ne pouvant supporter les infirmités et les maladies qu’il s’était attirées en changeant de climat pour suivre le conquérant de l’Asie, Ca­lanus se brûla avec une pompe tout à fait théâ­trale, couvert de vêtements somptueux, sur un bûcher parfumé ; en présence d’Alexandre et de son armée rangee en bataille. On dit qu’avant de mourir il prononça ces paroles : « Apres avoir vu Alexandre et perdu la santé, la vie n’a plus rien qui me touche. Le feu va brûler les liens de ma captivité. Je vais remonter au ciel et revoir ma patrie. « Ses funérailles furent célébrées par une orgie où plusieurs des convives d’Alexandre per­dirent la vie. Voy. Gymnosophistes.

calentes ou cadentes. Terme de con­vention mnémonique par lequel les logiciens dé­signaient un des modes de la quatrièmo figure du