publié pour la première fois en Europe avec une version latine et le texte chinois en regard, accompagné du Commentaire complet de Siehoeï ; par M. G. Pauthier, gr. in-8, Paris, 1838, lre livraison, comprenant les neuf premiers chapitres:10° les Livres sacrés de l’Orient, comprenant le Choû-Kîng ou le Livre par excellence (le Livre des Annales) ; les Quatre livres moraux de Confucius et de ses disciples, etc., traduits ou revus et publiés par M. G. Pauthier, gr. in-8, Paris, 1840 ; 11° Confucius et Mencius, ou les Quatre livres de philosophie morale et politique de la Chine, traduits du chinois par M. G. Pauthier, in-12, Paris, 1841 ; 12“ le Livre de la Voie et de la Vertu, composé par Lao-tseu, traduit en français par M. Stan. Julien, in-8, Paris, 1842.
G. P.
CHRYSANTHE de Sardes, philosophe néoplatonicien qui a vécu dans le ive siècle de l’ère chrétienne, descendait d’une famille de sénateurs. Après avoir étudié sous Edesius toutes les doctrines antiques et parcouru le champ entier de la philosophie d’alors, il s’appliqua particulièrement à cette partie de la philosophie, dit Eunape, que cultivèrent Pythagore et son école, Archytas, Apollonius de Tyane et ses adorateurs, c’est-à-dire à la théologie et à la théurgie. Lorsque Julien, jeune encore, visita l’Asie Mineure, il rencontra Chrysanthe à Pergame, entendit ses leçons, et, plus tard, étant devenu empereur, voulut l’attirer auprès de lui. Mais Chrysanthe, après avoir consulté les dieux, se refusa à toutes les sollicitations de son royal disciple. Nommé alors grand prêtre en Lydie, il n’imita pas le zèle outré de la plupart des autres dépositaires du pouvoir impérial, et, loin d’opprimer les chrétiens, gouverna d’une manière si modérée, qu’on s’aperçut à peine de la restauration de l’ancien culte. Chrysanthe mourut dans une vieillesse avancée, étranger aux événements publics et uniquement occupé du soin de sa famille. Il avait composé plusieurs ouvrages en grec et en latin ; mais aucun n’est parvenu jusqu’à nous. Eunape, parent de Chrysanthe, nous a laissé une curieuse biographie de ce philosophe (Vit. sophist.). On en trouvera une analyse étendue dans le mémoire que M. Cousin a consacré à l’historien de l’école d’Alexandrie dans ses Fragments philosophiques.X.
CHRYSIPPE est un des fondateurs de l’école stoïcienne, un des maîtres que l’antiquité cite le plus souvent et avec le plus de respect. Il naquit, selon toute vraisemblance, 280 ans avant notre ère, à Soli, ville de Cilicie, et non à Tarse, comme on l’a dit, pour avoir trop remarque peut-être que Tarse était la patrie de son père (Diogène Laërce, liv. VII, ch. clxxxiv). Ses commencements furent obscurs, comme ceux de tous les premiers stoïciens. C’était un des coureurs du cirque ; le malheur en fit un sage. Dépouillé de son patrimoine, il quitta son pays et vint à Athènes. Cléanthe y florissait ; tout porte à croire que Zénon et Cleanthe étaient nés en Asie comme lui, comme lui ils étaient exilés ; ils étaient pauvres, et le plus sûr refuge d’un malheureux, ce devait être l’école où l’on apprenait à mépriser toutes les douleurs. Cependant, en vrai philosophe, avant de se donner aux stoïciens, Chrysippe voulut connaître l’ennemi qu’ils ne cessaient ae combattre, et l’on rapporte que les académiciens Arcésilas et Lacyde contribuèrent à former cet ardent adversaire de l’Académie. Un jour même, dit-on, le jeune disciple céda à l’ascendant de ses nouveaux maîtres, et composa, d’après leurs principes, son livre des Grandeurs cl des Nombres (Diogène Laërce, liv. VII, ch. lxxxiv). Mais enfin le stoïcisme le ressaisit pour ne plus le perdre, et il était temps qu’il lui vint un pareil auxiliaire.
Disciple de toutes les écoles, Zénon avait puisé à tous les systèmes (voy. Zénon). Cyniques, mégariques, académiciens, héraclitiens, pythagoriciens revendiquaient, l’un après l’autre, toutes les parties de sa doctrine et l’accusaient de n’avoir inventé que des mots (Cic., de Fin., lib. III, c. ii; lib. IV, c. n). Et de fait, la doctrine de Zénon n’avait ni l’unité ni la précision d’un système. Hérillus, Ariston, Athénodore, tous les anciens de l’école stoïcienne s’étaient divisés dès qu’ils avaient essayé de s’en rendre compte : ils n’étaient pas d’accord avec Zénon lui-même. Cléanthe, le seul disciple fidèle, attaqué de front par l’Académie, sans cesse harcelé par les épicuriens et tous les dogmatiques, ne se défendait guère que par la sainteté de sa vie. Le stoïcisme était en péril, lorsque Chrysippe parut.
Esprit vif et subtil, travailleur infatigable, il avait par-dessus tout ce qui fait le logicien, ce qu’il faut au défenseur et au réparateur d’une doctrine, une étonnante facilite à saisir les rapports. « Donnez-moi seulement les thèses, disait-il à Cléanthe, je trouverai de moi-même les démonstrations. » Il s’en fallait toutefois que Chrysippe eût conservé toutes les thèses du vieux stoïcisme. Nous savons que le hardi logicien avait rejeté presque toutes les opinions de ses maîtres (Diogène Laërce, liv. VII, ch. clxxix), et que, sur les différences de Cléanthe et de Chrysippe, le stoïcien Antipater avait composé un ouvrage entier (Plut., de Stoic. repug., c. iv). Malheureusement, depuis l’antiquité, on^ n’a guère manqué d’attribuer au fondateur de l’école stoïcienne toutes les idées de ses successeurs, et c’est aujourd’hui chose très-difficile que de restituer à Chrysippe une faible partie de ce qui lui appartient.
D’abord, tout en subordonnant la logique à la morale, les premiers stoïciens avaient abaissé cette dernière jusqu’à n’en faire qu’une préparation à la physique. La physique, science toute divine, disaient-ils, est à la morale, science purement humaine, ce que l’esprit est à la chair, ce que dans l’œuf le jaune qui contient l’animal est au blanc qui le nourrit (Sext. Emp., Adv. Mathem., lib. VII). Chrysippe a fait justice de cette erreur : il a montré que la morale est un but, que la physique n’est qu’un moyen. Par là, il a renoué la chaîne interrompue des traditions socratiques ; il a imprimé à l’école stoïcienne la direction qu’elle a gardée et qui a fait sa gloire. Passons maintenant aux diverses parties de sa philosophie, et d’abord à sa logique.
La préoccupation du temps était la question logique par excellence, l’éternelle question de la certitude. Le dogmatisme stoïcien s’appuyait, comme il arrive toujours, sur une théorie de la connaissance. L’objet sensible, disait Zénon, agit sur l’âme et y laisse une représentation ou image de lui-même (φαντασία). Cette représentation, analogue à l’empreinte du cachet sur la cire, produit le souvenir ; de plusieurs souvenirs vient l’expérience. Jusque-là, l’esprit est passif.
Ilne cesse pas de l’être lorsque la représentation n’a point à l’extérieur d’objet réel correspondant. Dan> le cas contraire, après la représentation vient J’assentiment (συγκατάθεσι : ) : après l’assentiment, la conviction pareille à la main qui se serre pour saisir l’objet (χατάλτ, ψι : ). Et, puisque l’assentiment et la conviction sont l’œuvre de la raison, il s’ensuit que la droite raison (άρθό ; λόγος) est la seule marque du vrai. Chrysippe attaque d’abord cette théorie de la représentation renouvelée des matérialistes d’Ionie.Puisque